Bleu, blanc, rouge

Malgré le succès de Tonton David et les talents occitans de Massilia Sound System, le raggamuffin français attendait toujours ses maîtres. Ils les a enfin trouvés en Big Red et Daddy Mory. Figures bien connues de l’underground reggae-rap, c’est dans les soirées hip-hop et face à un parterre de B. boys exigeants que le duo s’est fait ses griffes depuis 1990, affûtant patiemment ses toasts frondeurs jusqu’à cette maturité flamboyante. Rarement la dextérité verbale requise pour le raggamuffin n’avait trouvé chez nous d’aussi efficaces serviteurs, capables d’une telle fluidité. Démarqué de l’habituel propos badin-pacifiste des rastas prisés par ici, le ton demeure radical et l’esprit hardcore. Le discours virulent a pourtant toujours la note positive ou le recul ironique. Des textes malins bénéficiant d’un son sur mesure, taillé à la Jamaïque avec les inévitables Sly & Robbie. Suprême NTM, que Raggasonic avait déjà épaulé, vient rendre la politesse sur l’explosif Affûté comme une lame. Mais c’est du côté des remixes jungle ­ comme le titre, nerveux et furibard, entendu sur la compilation Source Lab ­ qu’il faudra guetter leurs prochaines détonations verbales.

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