Toulouse, Grenoble. Deux villes et trois parcours diamétralement opposés, mais une même envie, à l’arrivée, de curer les habitudes capitulardes du rock français : ouvrir les fenêtres, laisser entrer l’air du temps, puis le mettre en boîte, le polluer, le tordre comme une serpillière humiliée. Voilà, donc, comment une partie du rock français traite aujourd’hui […]
Toulouse, Grenoble. Deux villes et trois parcours diamétralement opposés, mais une même envie, à l’arrivée, de curer les habitudes capitulardes du rock français : ouvrir les fenêtres, laisser entrer l’air du temps, puis le mettre en boîte, le polluer, le tordre comme une serpillière humiliée. Voilà, donc, comment une partie du rock français traite aujourd’hui ses influences anglo-saxonnes : en pissant dans le bénitier plutôt qu’en se prosternant devant l’autel. Dans la campagne des alentours de Toulouse, les mauvaises graines de Bubblies fument visiblement de sacrément bonnes graines. Leur pop, pervertie par la fumée opaque, en perd les pédales, se prend les pieds dans les rayons « pop ». En s’éloignant avec une grâce bancale du sujet, en cocufiant allégrement les saintes écritures indie-pop, les Bubblies font alors une jolie bande de slackers, avec leurs synthés pouilleux, leurs scratches complètement schlass et leurs guitares tartares (on ne reprend pas Fugazi pour rien). Bons petits bons à rien. Nettement moins décousu ce qui ne veut surtout pas dire cousu de fil blanc , le Overmars des Grenoblois de Jpex croit au père Noël, puisqu’il croit en l’avenir de la pop. Et applique ses prophéties fusionnaires et visionnaires sur quelques remixes passionnants, où une écriture a priori banale se fait totalement mener en bateau par des arrangements dévergondés et des paroles à rêver debout. Une musique dribbleuse et chaloupée : le nom de Marc Overmars, ailier magique d’Arsenal, leur va comme un gant (de goal).
Toujours à Grenoble, Moka ne descend que rarement sur terre : Antoine Vimal, on suppose, ne quitte ses plaines lunaires que par nécessité, une fois l’an, pour acheter le nouveau Labradford, son seul correspondant ici-bas. Ou alors, pour discuter silence avec Smog, avec qui il partage un dégoût du remplissage et un amour des machines pour s’isoler : Bathysphere chez Bill Callahan, Batyscaphe chez Antoine Vimal. Sur le magnifique Bleu comme autrefois sur Humide, son luxuriant orchestre aux instruments rares (didgeridu ou scie) ne peint qu’à l’aquarelle : beaucoup d’eau et de suggestions, mais aucune forme sévèrement dessinée, même quand les beatboxes alunissent un bonheur pour les rêveurs. Car le plus bel instrument de Bleu, c’est votre imagination.
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