Très présentable en gourou d’une secte folk folasse patchée au patchouli, en révérend Jim Jones d’une troupe d’affranchis de toutes confessions, étalée de CocoRosie à Antony and The Johnsons, Devendra Banhart étend son empire et son emprise avec un label qu’il codirige avec le fidèle Andy Cabic, de Vetiver. Il signe aujourd’hui Jana Hunter, dont […]
Très présentable en gourou d’une secte folk folasse patchée au patchouli, en révérend Jim Jones d’une troupe d’affranchis de toutes confessions, étalée de CocoRosie à Antony and The Johnsons, Devendra Banhart étend son empire et son emprise avec un label qu’il codirige avec le fidèle Andy Cabic, de Vetiver.
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Il signe aujourd’hui Jana Hunter, dont le folk sec et songeur avait déjà causé quelques dégats à la bonne humeur sur l’excellente compilation The Black & White Skins du Parisien Spleen. Elevée au Texas entre neuf frères et sœurs et un solfège martial, Jana Hunter a enregistré seule, dans le plus grand dénuement, ces torch-songs quart-mondistes, totalement intemporelles et irréelles, belles à pleurer de joie, aussi étranges, larguées et obsédantes que celles de Joanna Newson, autre protégée de Devandra.
Douce impression d’entendre une sorcière défroquée susurrer des comptines de Noël au pied d’un arbre de Tim Burton, avec une chorale de corbeaux pour reprendre en chœur ces impensables All the Best Wishes ou Laughing & Crying.
Souvent réduites à une carcasse ? bruits de fond, claquements de mains, guitare cassante, murmures entrelacés, violons lointains ?, ces chansons possèdent pourtant un terrifiant pouvoir suggestif et une tendance infernale à réquisitionner mémoire et attention, fascinées autant que terrorisées par cette voix d’enfant qu’il faudrait quand même songer à exorciser.
Car même dans les moments les plus apaisés (les presque raisonnables Restless ou Have You Got My Money ) de cette collection de chansons enregistrées et vomies au fil des ans, le décor conserve toujours ses trappes, ses dangers, ses recoins inquiétants. Tourmentée et pourtant sereine, une musique impalpable qu’on rêve de présenter à Camille ou David Lynch. Par ce cauchemar joyeux, 2006 commence bien.
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