La nuit, Blanca Li est reine de cabarets plutôt farfelus ; le jour, chorégraphe de spectacles de danse contemporaine. En trois pièces, elle est devenue une enfant (un peu) terrible de la danse, n’hésitant pas à faire appel à la mode, au music-hall, à ses potes drag-queens, le tout avec un culot à toute épreuve […]
La nuit, Blanca Li est reine de cabarets plutôt farfelus ; le jour, chorégraphe de spectacles de danse contemporaine. En trois pièces, elle est devenue une enfant (un peu) terrible de la danse, n’hésitant pas à faire appel à la mode, au music-hall, à ses potes drag-queens, le tout avec un culot à toute épreuve et un sacré sens de la fête. Pour la Biennale de la danse à Lyon, qui avait cette année pour thème « La Méditerranée », elle a délaissé ses origines andalouses et est allée voir chez les Grecs. Elle en est revenue avec un bel animal, le Minotaure. « Au départ, j’avais envie de faire une pièce chorégraphiée, de danse pure, mettant en valeur la beauté des corps presque nus. » Côté corps, la publicité n’est pas mensongère, la plastique du Minotaure est absolument irréprochable, et ses compagnons de jeu sont parfaits. Côté chorégraphie en revanche, l’arnaque est totale. En fait, Blanca Li organise un défilé en boucle sur tapis roulant. Les danseurs se retrouvent comme les potiches disposées dans les magasins de souvenirs au pied de l’Acropole, dessinant de leurs corps les frises, du guerrier hellénique aux coquineries érotiques en passant par le registre animalier. Quand ils s’échappent de la vitrine, les Hercule et autres cousins grecs passent et repassent, pourchassés par des Diane qui n’ont d’amazones que leurs jupettes blanches. Les tableaux se succèdent au rythme de la bande-son : Erik Satie, 4’33, Charles Koechlin, 7’25, Claude Debussy, 1’59, et le guide abat son tour en un peu plus d’une heure. Visiblement, la chorégraphe s’est davantage inspirée du Hercule de Walt Disney que de l’Ulysse d’Homère pour alimenter son propos. Son spectacle ressemble à un clip publicitaire pour les prochaines vacances à Mykonos, à moins que ce ne soit pour un nouveau parfum, qui se prendrait pour un long métrage à thème. Blanca Li est tombée les deux pieds, les deux mains dans ce qui lui pendait aux chaussons depuis ses premiers spectacles : un effet déco tendance. La meneuse de revue qu’elle sait être s’est empêtrée dans une volonté de faire chorégraphe sérieuse, et là où elle nous embarquait haut, malgré les failles, grâce à une folle énergie et un air de ne pas se prendre au sérieux, elle nous enfonce désormais mollement au strapontin, devenue prétentieuse.
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Le Songe du Minotaure Chorégraphie de Blanca Li
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