Le 8 juillet au Batofar, les Américains de Blackalicious en formation étendue ont donné un concert dont eux seuls ont le secret : généreux, ludique et sacrément bien troussé. Récit d’une soirée explosive?
Au lendemain d’un concert tout feu tout flamme d’une grande partie du camp Quannum à Paris, réunis sur scène pour donner vie au dernier album de Blackalicious, Blazing Arrow, on se demande encore comment le Batofar, péniche parisienne bien connue de nos services, a pu résister aux coups de boutoirs d’un public en délire.
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Ce n’est sûrement pas la première fois (ni la dernière !) que l’on s’épanche glorieusement sur les qualités scéniques des rimeurs de la Bay Arena (San Francisco) et, pourtant, à chaque concert, c’est le même émerveillement qui prédomine devant la générosité musicale de ces esthètes du hip-hop.
23h30, lundi 8 juillet, après plus de deux heures d’attente pour certains, Chief X-Cel, architecte sonore de Blackalicious, arrive sur scène, suivi de près par Lateef (MC de Latyrx), les deux choristes Damon et Omega et bien évidemment l’imposant Gift of Gab, maître de cérémonie de cette soirée mémorable.
Une petite touche exotique viendra parfaire ce line-up en la personne de Vincent Segal (membre des Français iconoclastes de Bumcello) et son violoncelle extra-terrestre, tantôt guitare électrique, tantôt contrebasse funky.
Lateef, habillé d’un t-shirt orné du numéro 1, et The Gift of Gab, lunettes d’intello et béret old school sur la tête, illumineront le show pendant plus d’une heure et demie. Oscillant entre improvisations vocales, phrasés hip-hop, ragga et soul, ces deux énormes mastodontes (pas moins de 100 kilos chacun, la palme revenant à Gab handicapé ce soir là par un pied-bot) se relaient au micro, font participer la foule qui ne cesse d’en redemander, jouent, tapent, crient, hurlent et semblent ravi de leur public français. Une certaine fierté, dissimulée sous un masque d’humilité, se lisait d’ailleurs sur leurs visages radieux.
En revisitant un répertoire déjà impressionnant, les deux MC lâcheront un certain nombre de bombes hip-hop parfaitement maîtrisées : sur le tellurique A to G, les prouesses vocales de Gab, poussé dans ses retranchements par un beat dont la vitesse s’accélère au fur et à mesure, embraseront littéralement le public.
Peu après, sur Deception, toute la salle reprendra en chœur le chorus jovial de ce grand morceau de soul moderne. Après un généreux rappel, une gigantesque ovation viendra remercier la troupe pour sa performance explosive. Un grand moment de hip-hop…
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