Un des morceaux de Grand Prix, le chef-d’œuvre de Teenage Fanclub, s’intitule Say no. Sans en connaître les paroles, on a bâti un amour pour ce titre : son titre et quelques mots pris à la volée ont toujours été suffisants pour déduire une signification imaginaire, une mythologie toute personnelle. C’est sans doute pour ça […]
Un des morceaux de Grand Prix, le chef-d’œuvre de Teenage Fanclub, s’intitule Say no. Sans en connaître les paroles, on a bâti un amour pour ce titre : son titre et quelques mots pris à la volée ont toujours été suffisants pour déduire une signification imaginaire, une mythologie toute personnelle. C’est sans doute pour ça que les paroles en français sont si difficiles. Sauf peut-être chez Diabologum, l’intelligibilité immédiate a tendance à agresser, à imposer un sens qui prive de ce plaisir, de cette appropriation. Say no peut ainsi devenir une manière très personnelle d’exprimer le refus. Un titre à la saveur incorruptible, têtue, qui ne demande ni ne fournit d’explication, que l’on se ressert à chaque fois que l’on veut évoquer un rejet violent par exemple l’écoute de Black island, le premier album de Cuba. Black island : il faut dire non à ce disque et non à ses semblables. Cette fois, ça suffit, assez d’indulgence, de bouteilles presque vides que l’on a fait passer pour presque pleines. Pourtant, le groupe avait à l’occasion fait forte impression : sur le single Cross the line, avec cette phrase superbe, devenue étendard personnel « Only together now are we unstoppable » ou sur une version instrumentale de Havana, cachée tout au bout de la compilation Anaki. A certains égards, on pourrait même dire que Black island n’est pas un mauvais disque amusant ce générique de film noir (Devil’s rock) et sympa cette fin trompettante (Winter Hill) et qu’il ne fait pas honte à une discothèque, comme celui des ferronniers d’Apollo 440 par exemple. Mais ce serait laisser passer cette mauvaise foi qui singe dans L’Ile noire, c’est un gorille la passion, ce savoir-faire qui fait croire à de l’inspiration, cette arrière-garde qui prétend aller de l’avant. Black island, c’est un mauvais clone de Mezzanine en gros sabots, Massive Attack et Death In Vegas photocopiés sur du papier recyclé et vendus au prix des originaux. L’Ile noire raconte une histoire de faux-monnayeurs, mais l’argent que ces faussaires-là essaient de piocher dans votre portefeuille est bien réel. Que ce groupe de rescapés de trop de vagues anglaises se contente de sucer les roues, c’est son problème.
Mais qu’il ne vienne pas nous jurer, dans son dossier de propagande, que « ce qu’on fait a bien plus de cœur et d’âme que 99 % de ce qui se fait ailleurs ». En plus hypocrite, on ne voit guère que le discours de Mansato essayant de vendre ses OGM.
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