Une drôle de boule de poils agrippée au fond de la gorge : un chaton peut-être, doux et câlin ; mais toutes griffes dehors. La voix de Barzelay a toujours été un drôle de bazar. Une santiag dans les champs, une tong à la bibliothèque : ainsi claudiqua longtemps Clem Snide, son fascinant groupe poète […]
Une drôle de boule de poils agrippée au fond de la gorge : un chaton peut-être, doux et câlin ; mais toutes griffes dehors. La voix de Barzelay a toujours été un drôle de bazar. Une santiag dans les champs, une tong à la bibliothèque : ainsi claudiqua longtemps Clem Snide, son fascinant groupe poète et paysan, élevé à New York, mais la tête dans les montagnes du Tennessee. C’est désormais accompagné d’une simple mais joueuse (et joyeuse) guitare sèche que Barzelay commente, avec un détachement et un humour généralement réservé aux Texans (de Townes Van Zandt à Guy Clarke), la vie qui passe dans la rue, à la télé, dans les cauchemars.
Et le titre, Bitter Honey ? Miel amer ?, résume parfaitement la façon unique de rosser tout en caressant adoptée par cette plume précieuse depuis plus de dix ans. On pense ici à plein de losers qui ont pourtant leur table permanente au Panthéon, de Ron Sexsmith à Miracle Legion, de Gram Parsons à Lambchop, mais on ne pense pas qu’un seul d’entre eux aurait pu oser une version aussi déchirante de Joy to the World. Miel fiel’ serait son titre français.