La pochette du prochain disque de Billie Eilish, où l’on voit la chanteuse sombrer dans les abysses, nous a rappelé quelques souvenirs. Retour sur les meilleurs visuels d’albums où les artistes plongent dans le monde aquatique.
Spleen et résilience
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Billie Eilish – Hit Me Hard and Soft
Tout récemment, lors d’une soirée organisée à Coachella – où elle a aussi été invitée sur scène par Lana Del Rey pour interpréter deux morceaux –, Billie Eilish a dévoilé quelques extraits de son nouveau disque à une poignée de chanceux. La pochette du futur album en question a de quoi attirer. On y voit la chanteuse, sous l’eau, se laisser engloutir dans l’obscurité sous-marine. Ici le bleu de l’eau, conjugué à l’immobilisme de Billie, renvoie au spleen, à la mélancolie propre à l’effacement et au lâcher-prise. Par désespoir ? Par impuissance ? Ou alors par besoin de laisser le temps au temps ? Réponses le 17 mai.
Hamza – Paradise
Paradise est un refuge, où les humeurs s’entrecroisent à l’envi : la sensualité dans Validé, le spleen suivi de très près par l’exultation dans Minuit 13, ou encore la fièvre mâtinée d’égotrip dans Meilleur. Le prince belge traduit tout ça par le bleu de sa pochette, où on le voit, à la manière de Billie, s’abandonner et s’enfoncer sous la surface de l’eau, empreint d’une même lassivité que celle employée pour dérouler son flow teinté d’alcool quand il lance “Quand j’bois le Henny, le Henny me noie”. Que ce soit en vidant sa teille ou dans l’eau, Hamza noie ses émotions dans l’un de ses disques les plus introspectifs.
Gunna – Drip or Drown 2
Drip or Drown est une invective, celle-là même que 50 Cent lançait dans le titre de l’album Get Rich or Die Tryin’ (comprendre “devenir riche ou mourir”). Le drip – terme utilisé pour qualifier cette culture de l’ostentatoire, le show off manifesté par des vêtements haute couture et des bijoux diamantés – est une voie obligatoire pour le trappiste Gunna. Ironiquement, sur la pochette de son album, on le voit debout au fond de l’eau, sapé comme comme un jour de Fashion week, résigné à survivre à toutes les épreuves pour mener la vie en drip.
Urgence écologique
Weyes Blood – Titanic Rising
La mélancolie, l’impuissance face au climatoscepticisme ambiant, l’effondrement inéluctable du monde que l’on connaît : autant de sentiments que Weyes Blood tente de transmettre dans Titanic Rising. Rencontrée en 2019 par Les Inrocks à l’occasion de la sortie de son album, la chanteuse se confiait ainsi à propos du dérèglement climatique : “Aujourd’hui nous faisons fondre les icebergs et couler la civilisation.” En écho à ces déclarations, Weyes Blood a reproduit pour la pochette de son disque sa chambre d’adolescente, plongée dans une piscine, où elle apparaît, flottant en jean et t-shirt.
Björk & Rosalía – Oral
Parmi les rencontres les plus inattendues de l’année passée, figure en bonne place le couple Björk-Rosalía, unies en musique autour de la lutte contre la pisciculture intensive. Sur le single Oral, elles dénoncent l’élevage intensif de saumons en Islande, qui porte largement atteinte à la biodiversité – tous les revenus générés par le titre sont reversés à Aegis, une association à but non lucratif co-créée par Björk. Sur la pochette du morceau, les deux chanteuses sont représentées en coraux, parées de perles et de coquillages.
Vision onirique
Simo Cell – Cuspide des Sirènes
Dans Cuspide des Sirènes, le DJ et producteur nantais Simo Cell raconte sur des airs électroniques, empruntés au dubstep et à la techno, une vie aquatique pleine de glitchs organiques (prelude to a quest), de samples de voix déconcertants (polite rudboi) et de reliefs. La pochette, réalisée par l’artiste chinoise RINIIFISH, représente bien la dimension expérimentale qu’entend donner l’artiste du début à la fin du disque. Un voyage riche et onirique, produit par Lurka, éminence de la scène électronique de Bristol.
Mac DeMarco, Haruomi Hosono – Boku Wa Chotto
En février, Mac DeMarco dévoilait une nouvelle reprise de la légende japonaise Haruomi Hosono, Boku Wa Chotto. Le titre figurera sur une compilation qui sera publiée cette année par le label Stones Throw, pour les 50 ans de l’album Hosono House. La pochette a déjà été dévoilée : celle-ci reprend les traits de Hosono issus du disque original, ici stylisé en dessin, où l’on distingue la silhouette de l’artiste qui se dessine sur l’eau.
Évasion et rêverie
Blur – The Great Escape
Sorti en 1995, en proie aux flots de la britpop bouillonnante de l’époque, The Great Escape est le dernier disque de Blur avant un léger changement de cap symbolisé par son disque éponyme sorti deux ans plus tard. Un quatrième album comme un voyage, où l’on plonge volontiers comme le montre sa couverture. À rebours des pochettes précédentes, celle-ci montre l’autre côté de la scène, hors de l’eau cette fois-ci.
PJ Harvey – To Bring You My Love
Dans une référence à Ophelia, personnage de Hamlet peint par le Britannique John Everett Millais, PJ Harvey flotte à la surface de l’eau sur la pochette de To Bring You My Love. Signe des variations que compose ce disque – entre désir, liberté et solitude –, le visuel de l’album fait ressortir des nuances de couleurs variées au-dessus (et dans) l’eau : le rouge de ses lèvres et de sa robe, ses cheveux noirs, le blanc de sa peau. Dans le clip de Down by the Water, on la retrouve d’ailleurs sous l’eau.
Menace
Thundercat – Drunk
Sur le papier, la référence semble évidente, tant elle a été exploitée en long, en large et en travers : avec ce visage à moitié immergé dans l’eau, la pochette de Drunk peut rappeler à plus d’un une scène du film Apocalypse Now. Pour les besoins de ce visuel, Thundercat, de son vrai nom Stephen Lee Bruner, fut photographié par Eddie Alcazar dans une piscine, le soleil couchant en fond.
Nirvana – Nevermind
Peut-être la pochette plus évidente de toute cette sélection (et de nombreuses fois évoquée ici, jusqu’en couverture du premier numéro des Inrockuptibles de retour en version mensuelle, en 2021). On parle bien sûr de Nevermind, album iconique pour un groupe qui l’est tout autant. Avec ce nouveau-né qui tente d’attraper un billet, ce visuel symbolise – selon les dires de la formation d’Aberdeen – les ravages du capitalisme et de la société de consommation américaine.
{"type":"Banniere-Basse"}