La première édition du festival biarrot s’est achevée dimanche. On vous raconte.
Qu’est-ce qu’un festival pop, comme le promettaient les organisateurs de cette première édition de Biarritz en Été, en 2018 ? C’est un festival qui accompagne ou précède les nouvelles façons d’écouter, de déclassifier, de déranger les musiques, sans hiérarchie de genre, de génération ou même de géographie. C’est un festival qui confirme qu’en marge des raouts de niche, de chapelle, il existe bel et bien une nouvelle façon de consommer une pop-music qui ne s’embarrasse guère d’étiquettes, de genre : c’est, de Lomepal à Angèle, d’Eddy de Pretto à Malik Djoudi, ce que raconte Biarritz en Été à un public de l’âge des musiciens sur scène, habillés pareils, c’est à dire pas déguisés pour sortir et crâner. C’est, pour simplifier, un Instagram en vrai, avec la joie de se retrouver entre fans voire experts déjà de sons. C’est une expérience qui inclut l’Océan, que l’on ne perd jamais de vue, qui accueille le Pays Basque et ses fiertés – la langue, le surf, la gastronomie, la musique …
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Pop Culture
Un festival pop, donc, dans le sens large de “pop culture”, où les visiteurs attirés par des têtes d’affiches telles que les solaires Phoenix, un grand Etienne Daho, une écrasante Juliette Armanet ou une explosive Black Madonna restent découvrir les autres, les inconnus. Un public avisé et critique, qui inaugure à chaque découverte de longs et passionnés débats dont les Basques possèdent le joyeux secret.
C’est un festival ancré déjà dans cette ville de tous les plaisirs que reste Biarritz, voulu par la mairie et porté par des équipes où l’expertise locale est largement représentée.
Biarritz en novembre
C’est pourtant un festival qui avait mal démarré son année un, par un de ces caprices du temps qui peut vite transformer Biarritz en Été en Biarritz en novembre.
Un orage et une pluie horizontale, cinglant la jolie scène Océan, ont tout fait pour tracasser cette première édition, dès l’ouverture vendredi après-midi. Les activités, cools et pacifiques du Village gratuit posé au-dessus de la plage de la Milady devaient mélanger conférences, fooding, DJ-sets, surf ou yoga : elles sont les premières victimes de ce temps hostile. Mais tout va très vite au Pays Basque et après deux heures de retard, un site détrempé et deux annulations de groupes locaux attendus (Mak Jak et Lumi), le festival ouvre enfin ses portes. Et là, l’orage est sur scène plus que dans les cieux, avec un prestation enragée des Basques de Belako, vite suivis par la nonchalance déconnante de Caballero & Jeanjass.
Le public, très jeune et féminin, garanti – et c’est rare sur un festival de cette ampleur – sans drapeau breton, cavalera ensuite pendant trois jours d’une scène à l’autre dans ce cadre idyllique de la Cité de l’Océan. Ça offrira à certains de sacrés chocs thermiques, comme par exemple quand se succèdent sans le moindre temps mort le rock électrocuté des Limiñanas et la trap castagneuse de Vladimir Cauchemar. Ou quand L’Impératrice et sa disco rutilante cède directement sa place aux Américains excités Parquet Courts.
Mais parmi tous les groupes invités, beaucoup, on pense à Lewis Ofman, Agar Agar ou Petit Fantôme, portent déjà dans leur ADN ces grands écarts, inclassables par nature voire par militantisme. C’est précisément le but de Biarritz en Été : offrir une vision panoramique des délices de la musique de 2018, sans besoin de douaniers pour rabattre la joie et limiter les plaisirs. Offrir aussi bien le grunge riche de Th Da Freak que la pop radieuse de Lee Ann. Après tout, à quelques kilomètres d’ici, de Dancharia à Irun, les postes frontières sont aujourd’hui à l’abandon.
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