En quinze ans de carrière, The Queen Diva of New Orleans, Big Freedia, a sorti le bounce du giron de la Louisiane à la force de son flow et de son postérieur. Aujourd’hui l’artiste attaque la deuxième saison de son show et s’apprête à sortir un nouvel album. Portrait.
Bien avant que Mikky Blanco ou Frank Ocean ne commencent à faire accepter homosexualité et transgenrisme dans le hip-hop, ou que Miley Cyrus ne mette le twerk au goût du jour, Big Freedia était déjà sacrée The Queen Diva of New Orleans Bounce. La ville travaille sa cambrure sur des chevilles bien flexibles depuis une vingtaine d’années déjà.
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Le bounce, hip-hop au tempo rapide et aux paroles souvent sexuelles, est apparu au début des 90‘s et les filles sont les seules alors à faire vibrer leurs fesses dessus. Ce n’est qu’en 1998, année où la drag queen Katey Red ose monter sur la scène du Melpomene, qu’une petite révolution a lieu. Freddie Ross assiste à la scène et tombe immédiatement sous son charme. Il troque donc son poste de directeur de chorale contre une place de danseur et de choriste chez Katey Red : Big Freedia (prononcer « Big Free-da ») est né. Il faudra une bonne dizaine d’années pour que le rappeur gay (et pas transgenre ou drag, il tient à souligner qu’il est un homme) accède à la reconnaissance. Un tel croisement ne pouvait arriver qu’à la Nouvelle Orléans, une des villes les plus propices aux hybridations.
Pendant plus d’une décennie Big Freedia construit sa réputation d’entertaineur dans les blocks party, stripclub et nightclub où il enchaîne souvent une dizaine de performances furibardes par semaine. Lorsqu’il arrive sur scène, la foule se sépare généralement en deux et les hommes s’écartent pour laisser les femmes twerker tout autour du rappeur et prendre des poses explicites. Big Freedia subvertit le bounce : il danse, les femmes se réapproprient les paroles à propos des bad boyfriends et leur p-popping (danse caractéristique du bounce) n’est plus directement adressé aux mecs qui les entourent.
Parfois rangé sous l’étiquette « Sissy Bounce », Big Freedia refuse une quelconque sous-partition du genre : shake that ass pour tous. Pitchfork Tv est d’ailleurs parti l’année dernière dans sa ville natale de la Nouvelle Orléans pour y filmer l’effervescence qui y règne. Et Big Freedia méritent bien son titre de Queen Diva.
Tout s’accélère aux débuts des années 2010 : le rappeur est programmé à SXSW, adoubé par le New-York Times, et euphémiquement nommé « meilleur artiste émergent » en 2011. Il en profite même pour battre le record du monde de twerk. Aujourd’hui, le performeur possède son propre show dont la deuxième saison vient tout juste de commencer sur Fuse TV. On suit notamment Big Freedia préparer la sortie de son album Just Be Free (prévue pour le 16 juin). Longtemps absent des médias grand public pour son caractère trop explicite le bounce, option gay et féministe, se retrouve propulsé sur le devant de la scène. Le cul a rarement été aussi libérateur.
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