A 42 ans, le rappeur américain vient de sortir un troisième album solo, toujours aussi frais et inventif.
Pour le grand public Big Boi, moitié d’Outkast, restera toujours dans l’ombre de son partenaire André 3000, plus exubérant et compatible avec le star-system. Mais depuis la séparation du groupe en 2007, c’est bien Antwan Patton le plus productif du duo. Alors que la discographie de son comparse, toujours vierge de véritable album solo (The Love Below est sorti sur le double album du groupe Speakerboxxx/The Love Below ), se résume à des apparitions à droite et à gauche, le General Patton a pour sa part sorti le 16 juin Boomiverse, son troisième opus.
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A la différence de “3 Stacks” (alias André 3000), qui s’est construit un personnage arty et rêveur, Big Boi a toujours endossé le rôle de la moitié la plus “street” du groupe, plus proche du rap sudiste traditionnel. Après un très réussi premier album solo, Sir Lucious Left Foot: The Son of Chico Dusty, acclamé par les critiques à sa sortie en 2010, il a sorti en 2012 Vicious Lies and Dangerous Rumors, plus expérimental et qui a déconcerté quelques fans de la première heure. Étaient notamment présents sur plusieurs morceaux le duo de rock électronique Phantogram, avec qui le rappeur d’Atlanta allait même jusqu’à sortir un EP en 2015.
Mais avec Boomiverse “Daddy Fat Sacks”, comme il aime se faire appeler, revient à une formule plus classique, tout en faisant toujours preuve d’inventivité, pour rappeler qu’à 42 ans, il reste l’un des rappeurs les plus complets de la scène américaine. Nourri aux habituelles influences funk et rythmiques de TR-808, l’album reste fidèle aux recettes habituelles, mais sans jamais donner l’impression d’être passéiste ou daté, bien au contraire.
Oldies but goodies
Comme sur Sir Lucious Left Foot, on retrouve Organized Noize, les producteurs historiques d’Outkast ou de Goodie Mob, aux manettes derrière la moitié des titres. Avec 20 ans d’expérience en la matière, le trio Sleepy Brown – Rico Wade – Ray Murray sait mieux que personne composer des instrus taillées sur mesure pour le flow de leur vieux comparse. Ce dernier se permet même d’aller également sortir de leur grotte Scott Storch et Mannie Fresh, vestiges de l’époque Cash Money, la première heure de gloire du rap sudiste. Au niveau des featurings, le MC s’entoure de vieux grognards “à l’ancienne”, parmi lesquels on retrouve notamment Snoop Dogg, Kurupt ou Killer Mike.
L’album est court – 12 morceaux – mais c’est peut-être là le meilleur moyen pour que l’auditeur ne s’ennuie pas. Surtout, il y en a pour tous les goûts, puisque Big Boi s’essaie avec brio à toutes sortes d’ambiance, montrant ainsi l’étendue de sa palette. Les amateurs de banger et de “kickage” pur et dur seront enchantés par Kill Jill, évident hommage à Kill Bill, où sur un sample japonais subtilement découpé, Big Boi, Killer Mike et Jeezy viennent croiser la rime avec une violence que n’aurait pas reniée Quentin Tarantino.
Avec le funky Mic Jack, rehaussé par le refrain d’Adam Levine et de délicieux synthés, le rappeur tient un tube de l’été passe-partout. In The South, en featuring avec le regretté Pimp C et Gucci Mane, est un hommage évident au son texan d’UGK, alors que sur Chocolate Big Boi s’essaie, avec succès, à l’électro. On peut également citer Freakanomics et son odeur de fête foraine funky et survitaminée, où l’angoissant Made Men, avec son synthé digne de Le silence n’est pas un oubli de Lunatic.
https://youtu.be/TAhOumyEJOE
Tant d’ambiances différentes qui montrent bien que la carrière de Big Boi est très loin d’être arrivée à sa fin. Pas une surprise quand on a appartenu à un duo qui n’a eu cesse de se renouveler, opus après opus, pour devenir sans doute le groupe le plus riche musicalement de l’histoire du rap américain.
L’album Boomiverse de Big Boy est disponible sur Apple Music.
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