La chanteuse et guitariste de Best Coast, Bethany Cosentino, dénonce le sexisme de l’industrie musicale dans un texte publié par Lena Dunham.
Les Riot Grrrl le clamaient déjà haut et fort dans les années 90 : le milieu musical est sexiste. Derrière, devant, et sur la scène. Si, vingt ans plus tard, les choses se sont améliorées, elles restent encore loin d’être parfaites, et les coups de gueule pleuvent à intervalles réguliers sur une industrie qui reste principalement gérée par des hommes.
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Le 19 janvier, c’est la chanteuse de Dirty Projectors, Amber Coffman, qui révélait, dans une série de tweets assassins, avoir été harcelée sexuellement par le dirigeant de l’agence de relations publiques Life or Death (DIIV, D’Angelo MGMT…), Heathcliff Berru. Le lendemain, Bethany Cosentino, moitié du duo de Los Angeles Best Coast, saluait son initiative : « C’est bien que tu aies dit ça. J’étais trop terrifiée pour dire quoi que ce soit. Sérieusement ce n’est pas une bonne personne. »
@Amber_Coffman good for you for doing this. I was too freaked out to ever say anything. Seriously he’s not a good person on any level.
— Best Coast (@BestCoast) 19 Janvier 2016
Leur dialogue a poussé d’autres femmes à dénoncer les agissements de Berru, qui s’est fait mettre à la porte de Life or Death, depuis rebaptisée Liberal Arts.
Un burger en plein visage
La polémique n’est pas retombée pour autant. Dans une lettre intitulée « Burgers, Bitches, and Bullshit !« , intégrée à Lenny, la newsletter de Lena Dunham, Bethany Cosentino relate les attaques sexistes dont elle est la cible. Sur Instagram, sur Twitter, sur Facebook… mais aussi au détour d’un article sur l’un de ses concerts. Au journaliste qui déplorait le fait qu’elle ne sourie pas malgré son « look sexy », Cosentino rétorque que « cette lecture genrée de ma présence sur scène révèle la façon dont, pour lui, une femme qu’il considère comme « sexy » devrait se comporter. » Et d’ajouter :
« La vérité c’est qu’il a été publié parce que nous vivons dans un monde où ce genre de chose est acceptable. Nous vivons dans un monde où un homme peut me crier « Bethany, je veux te baiser ! » alors que je suis scène, et je suis supposée rester là, supporter ça, digérer ça comme un compliment destiné à renforcer ma confiance en mon attitude sexy. Non seulement devrais-je le recevoir, mais je serais censée le prendre avec le sourire et me sentir excitée d’être sexualisée par mon public. Dans le cas contraire, il y aurait quelque chose qui cloche chez moi. »
Cosentino rappelle que personne ne parle jamais du sourire des quatre mecs de son groupe, ou de leurs tenues vestimentaires : « Il n’y a jamais de commentaires sur leurs physiques, leurs comportements, ou leurs présences scéniques, sinon pour louer leur virtuosité musicale. » « Je veux juste vivre et faire de la musique sans que l’on me demande « Donc, c’est comment d’être une fille dans un groupe ? » explique-t-elle également.
Après avoir raconté comment un spectateur lui a un jour jeté un burger au visage en plein concert en lui criant qu’elle « était nulle« , Cosentino martèle que « les gens doivent cesser de traiter les femmes de « connasses » parce qu’elles sont fortes et puissantes » et « arrêter de [la] traiter de « salope » » en raison de son soutien au Planning familial, « une organisation qui [lui] a sauvé la vie comme celles de nombreuses personnes. »
« Les gens doivent arrêter de me traiter de « bébé pleurnicheur » parce que j’écris des morceaux sur les coeurs brisés et sur mes sentiments. Quelqu’un a-t-il déjà traité les Beatles de « bébés pleurnicheurs »? » avance-t-elle pour dénoncer, une fois de plus, la différence de traitement des artistes selon leur sexe. Et de conclure : « Je vais gérer les conneries sexistes, et les burgers jetés au visage afin de pouvoir me faire entendre et dire « CECI N’EST PAS ACCEPTABLE! » et je vais faire savoir aux femmes (et aux hommes) que nous n’avons pas à accepter ce type de comportement. »
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