Accompagnée d’un orchestre symphonique, la voix de Portishead injecte son spleen idéal dans le classique.
En novembre 2014, Beth Gibbons participait à une série de spectacles au Grand Théâtre de l’Opéra national de Varsovie. Ce soir-là, Jonny Greenwood de Radiohead et Bryce Dessner de The National se sont eux aussi succédé sur scène pour présenter leurs projets solo. D’une discrétion frustrante, Beth Gibbons est aussi rare en concert qu’en studio – aucune sortie officielle depuis le troisième album de Portishead en 2008. Cette représentation en Pologne est donc l’occasion de faire le point sur ce que devient cette icône du trip hop. Loin de son registre habituel, entourée d’un orchestre symphonique sous la direction de Krzysztof Penderecki, l’Anglaise interprète ici l’œuvre la plus connue du compositeur polonais Henryk Górecki : la Symphonie n° 3, dite des “chants plaintifs”, un intitulé qui lui correspond à merveille.
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Une double mission pour Beth Gibbons
Lents et mélancoliques, contemplatifs et aériens, ces trois mouvements sortent après de longues années d’attente, grâce à un enregistrement audio et vidéo de cette performance unique. Pour s’y préparer, Beth Gibbons a accepté d’affronter deux défis de taille : s’habituer à chanter dans une langue qu’elle ne connaît pas (le polonais) et étirer comme un élastique son timbre de contralto pour atteindre des notes deæ soprano. Double mission accomplie.
En transcendant la barrière de la langue, elle transmet des frissons comme elle l’a toujours fait depuis Dummy, le premier album inaltérable de Portishead. Recroquevillée sur une chaise parmi les musiciens, Beth Gibbons ouvre les lèvres et laisse s’envoler ce chant à la fois solennel et bouleversant, avec une simplicité désarmante et une grâce suspendue. The voice, c’est elle.
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