Echappée de Gossip après presque un an de tournée, Beth Ditto lâche le rock pour le disco sur un ep surprenant et fêtard, enregistré aux côtés des producteurs anglais Simian Mobile Disco. Rencontre et écoute.
Ton ep est très influencé par le disco. Qu’est-ce qui t’a poussée, pour tes premiers pas en solo, à prendre cette direction ?
Beth Ditto – Londres ! Après la tournée avec Gossip, j’y ai fait une pause d’une semaine sans le reste du groupe. Quand nous avons enregistré notre dernier album à Malibu, je me suis profondément ennuyée. Je passais mes soirées à m’empiffrer de donuts ! A Londres, tout est différent. C’est une ville excentrique, toujours en mouvement. Les Anglais ont tous ce grain de folie qui m’a donné envie d’aller vers cette musique. J’aime l’agitation qu’il y a dans les clubs londoniens, cette excitation qui me ferait presque passer pour quelqu’un de calme.
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Que représente la culture disco pour toi ?
La dance-music et le punk ont beaucoup en commun, ce sont deux genres de musique qui ont une influence directe sur ce que tu es et comment tu te construis. La différence, c’est que le punk a ses codes qu’il ne faut pas enfreindre au risque d’être jugé. Dans les clubs, les gens se fichent de ce que tu fais et de la manière dont tu le fais. C’est un monde où la notion de honte est bien moins forte que dans le punk-rock. C’est ce qui me plaît. Le punk est une musique bien plus existentielle que la dance.
Comment as-tu été amenée à collaborer avec Simian Mobile Disco ?
Je les ai rencontrés à une after party de festival. Ils m’ont proposé de chanter sur un des titres de leur dernier album, Cruel Intentions. Quand je suis arrivée dans leur studio, j’étais très impressionnée. J’ai remarqué ce MTV Award poussiéreux qui traînait sur une vieille étagère. J’ai trouvé ça très drôle et je me suis détendue en me disant qu’on allait bien se marrer.
Quelle différence avec le travail pour Gossip ?
Nathan et moi ne savons ni lire ni écrire la musique, donc quand je veux lui proposer quelque chose, je le fredonne et on peut passer des heures à tester des idées jusqu’à ce qu’il arrive à voir où je veux en venir. Avec Simian, c’était très différent : quand j’avais une idée, en deux secondes ils avaient compris de quel son je parlais. Du coup, je n’ai pas envie de m’arrêter là. Je veux partir en tournée avec cet ep, que les shows soient plus une fête que de véritables concerts, avec six chansons et des DJ, des costumes, de la dinguerie.
Comment se passe l’écriture du prochain Gossip ?
Nathan et Hannah ont commencé à écrire. Moi, j’ai besoin d’une pause. Ces derniers mois, je les ai vécus dans le tour bus : Il n’y a pas grand-chose à écrire là-dessus. Vous venez de faire la plus grosse tournée de votre carrière.
Comment l’as-tu vécue ?
C’est inimaginable pour moi. Je viens d’une ville de mille habitants : j’ai joué à Bercy devant quatorze fois ma ville, chiens, chats et bébés compris !
Tu dis ton attachement à Londres. Tu viens souvent à Paris, à Berlin. Te sens-tu européenne aujourd’hui ?
Je me sens différemment américaine. Quand je vois qu’il y a des habitants de ma ville d’origine qui ne sont jamais sortis du pays, ni même allés à New York, je réalise ma chance.
Maxi : Beth Ditto ep (Deconstrucion Records)
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