Arrivé en tête lors du premier tour de la primaire de la Belle Alliance populaire, Benoît Hamon détient peut-être la playlist la plus recommandable des candidats encore en course.
Juillet 2016. Benoît Hamon n’est pas encore officiellement candidat à la primaire de la gauche lorsqu’il reçoit Rolling Stone les bras chargés de vinyles « dans un modeste bureau à l’Assemblée Nationale ».
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« Mélodiquement, j’ai toujours trouvé que Cure était au-dessus du lot »
Si la version française du magazine américain s’est déplacée jusqu’au palais bourbon, c’est que le frondeur du P.S est un fan de musique. Et plus particulièrement de post-punk et de new-wave.
« Au lycée à Brest, j’ai changé de look et surtout de style musical. Mes copains étaient des fans hardcore des Smiths. Ils achetaient tout ce que faisaient Morrissey et sa bande. A cette époque, la tendance était très Manchester à Brest. Cette même année, je suis tombé sur Unknown Pleasures de Joy Division et la voix glacée et glaciale de Ian Curtis. J’écoutais aussi Depeche Mode mais c’est surtout la période cold-wave de Cure qui m’a attiré avec l’album Seventeen Seconds. Mélodiquement, j’ai toujours trouvé que Cure était au-dessus du lot et que Robert Smith reste l’un des meilleurs songwriters anglais encore en activité. Pourtant, j’avais un sentiment très ambivalent sur eux. J’adorais leur musique mais j’avais du mal à encadrer leurs gueules. Je dois avouer que le côté androgyne maquillé de Robert Smith me gavait un peu. Même si à cette époque, j’avais un look un peu dark qui se résumait à porter un imper marine très long qui trainait un peu sur mes bottes (rire). »
Interrogé sur son adolescence passée sous les posters de Motörhead et AC-DC, Benoît Hamon avoue s’être « mis au rock avec les Anglais de Status Quo », son groupe fétiche de l’époque avec AC-DC.
« De 12 à 14 ans, j’étais à fond dans le hard-rock. J’avais un gros poster d’AC-DC dans ma chambre. Let There Be Rock et Highway To Hell squattaient ma platine. Les riffs d’Angus Young ont accompagnés mes années de collège. Pour me décrasser les oreilles, j’utilisais assez souvent l’artillerie lourde de Motörhead avec les albums Overkill ou Ace Of Spades. J’éprouvais aussi une vraie sympathie pour les seconds couteaux du heavy-metal comme le groupe Saxon. Ils venaient d’un bled du côté de Sheffield ; de solides gaillards qui avaient fait un peu tous les métiers avant de se lancer. »
« A l’époque, adhérer aux textes de NTM ou d’Assassin, c’était prendre position pour un type de société. »
En grandissant, Benoît Hamon passe ses soirées au Mélo. Mélo pour Mélody, une institution brestoise qui a fait danser plusieurs générations d’amateurs de musique du début des années 80 à la fin des nineties. Le futur candidat à l’élection présidentielle pogote sur This is not a love song de Public Image Limited et écoute en boucle Starshooter, Bijou puis Miossec, un autre frondeur originaire de Brest : « Chez lui, il y a comme une langue instinctive de cette ville. » Mais il ne résiste pas à la vague Téléphone : le premier groupe qui lui vient à l’esprit quand on lui demande d’évoquer le rock français…
Toujours marqué par ses obsessions adolescentes, Benoît Hamon avait rencontré ses idoles de Gang Of Four dans un entretien croisé organisé par VoxPop et Rue 89 fin 2010. Alors porte-parole du premier parti d’opposition, il avouait s’être assagi avec les années, remisant ses disques de rock pour écouter Keith Jarret en famille :
« Adolescent, j’écoutais beaucoup de heavy metal. Je recherchais une musique physique, quelque chose qui me donne envie de me castagner (sourire). Juste après j’ai eu ma longue période new wave anglaise. Mes groupes c’étaient des choses comme The Cure, Joy Division ou The Police. […] Je pense que l’aspect politique de la musique m’a seulement frappé quand je me suis mis à me passionner pour le rap français. A l’époque, adhérer aux textes de NTM ou d’Assassin c’était déjà prendre position pour un type de société. Maintenant, je suis malheureusement beaucoup plus calme. Ma compagne est une mélomane. Elle ne tolère pas trop le bruit, donc on est passé à Keith Jarrett ensemble. Je suis devenu tranquille. Fini de rigoler. Ça c’est un vrai compromis intelligent (sourire).«
Plus de six années ont passé depuis sa rencontre avec les mecs de Gang Of Four. Et, malgré la fausse piste incarnée par sa playlist plus jazz que punk, Benoît Hamon semble avoir remis un peu de bruit, de courage et de tempête dans ses prises de position comme dans sa communication. Après avoir quitté le gouvernement en plein milieu du quinquennat, l’ancien ministre a réussi à déborder Manuel Valls par la gauche et fait désormais figure de favori pour le deuxième tour de la primaire. Lors de ses meetings, il a pourtant l’habitude d’entrer en scène sur le remix urticant de Prayer in C signé Lilly Wood & The Prick et Robin Schulz. On lui envoie un clip de PNL ?
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