Un spectacle bric-à-brac, un jeu autour du monde cruel de l’enfance via les contes de fées, la déconstruction et le collage, on adhère presque les yeux fermés. Benoît Bradel, metteur en scène, se sert du cas Blanche-Neige comme d’un gimmick, citant çà et là des extraits de textes de Robert Walser, des frères Grimm et […]
Un spectacle bric-à-brac, un jeu autour du monde cruel de l’enfance via les contes de fées, la déconstruction et le collage, on adhère presque les yeux fermés. Benoît Bradel, metteur en scène, se sert du cas Blanche-Neige comme d’un gimmick, citant çà et là des extraits de textes de Robert Walser, des frères Grimm et de Gherazim Luca. Il utilise aussi sept acteurs dont certains également danseurs, tels Toméo Vergès, Roser Montllo ou Claudia Triozzi (voir Popus p. 15), sont passés maîtres dans l’art du jeu burlesque-surréaliste. La scène s’ouvre sur un personnage statique devant un rideau rouge. Il tient un panneau sur lequel on lira « début », de chaque côté deux visages encadrés par deux étoiles dorées, première page possible d’un beau livre de contes. Le rideau s’ouvre sur une piste circulaire. Premier exercice : les faux clowns. Faux nez et fausses moustaches, jeux d’épaules et roulements d’yeux, impers mastic ou demi-tutus, ils semblent sortir d’un tableau d’Otto Dix. Ils sont visiblement là pour inquiéter. Le cirque laisse la place au music-hall, Un Jour mon prince viendra reste en travers de la gorge d’une Blanche-Neige reine d’un show minable. Un chasseur affûte son couteau laissant sa proie accrochée au sommet d’un poteau tenter de s’en sortir en donnant la recette du marcassin mariné. Une Blanche-Neige anglophone noire comme l’ébène décide du cours réel de son histoire. Un personnage viendra sonner le final en lançant dans le vide une robe, un manteau, un cadre suspendu. De gentiment absurde et déglingué, le spectacle devient boîte à système. Benoît Bradel s’enlise dans le non-sens en voulant à tout prix lui en donner un à coups de références et de jeux de style. Le divertissement devient sans queue ni tête et fastidieux, au point qu’on se lasse de n’y rien comprendre et de tout y voir. Les principes de répétition et de déconstruction ne fonctionnent pas parce qu’ils semblent totalement gratuits et qu’ils ne nous emportent vers aucun pays imaginaire. On aimerait bien pouvoir profiter de « l’incroyable cruauté » des contes de Grimm, et si le septet est cruel, c’est surtout pour les sept acteurs-danseurs-chanteurs. Ils se démènent et défendent le morceau coûte que coûte sans exprimer leurs doutes, en toute intelligence. Benoît Bradel a ce talent, il sait s’entourer.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}