Un premier album en majesté pour ce hobo renversant venu d’Angleterre. Critique et écoute.
Il y a assez de chansons évoquant le rejet de Benjamin Clementine par les siens, son errance, pour considérer ce disque comme la chronique d’une bohème. Particulièrement Adios, Condolence, Cornerstone et Nemesis (qui dans la Grèce antique était la déesse de la vengeance). Une fois admis le contexte, il suffit de se laisser emporter. Par la puissance lyrique de morceaux charriant autant de détresse que de jubilation et servis par une production d’orfèvre. Par cette voix proprement majestueuse dont la moindre intonation est sublimée par un sentiment d’abandon ou une bouffée de triomphe.
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Non, nous ne sommes pas au pays du beat et de l’up-tempo. Plutôt près des quais de Seine où Benjamin a trouvé refuge, où dérivent encore des vieux airs de Piaf, Brel, Aznavour, Dumont. Quoique à sa façon, il finisse par rejoindre le camp de ceux qui outre-Manche ont été émus, autant qu’il l’a été, par la grande chanson française. On pense à Scott Walker, mais surtout au David Bowie de Life on Mars dont London possède incontestablement la grandeur.
Ce serait pourtant faire injure à son talent de compositeur, à cette écriture si singulière, que de ne voir en lui qu’un “expatrié musical”. Benjamin Clementine est le genre de beau bizarre que seule l’Angleterre peut produire. Un oiseau rare. At Least for Now (“au moins pour l’instant”) suggère une suite qu’on espère aussi passionnante.
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