Evidemment, Ben Folds Five est un trio. On risquerait volontiers l’appellation contrôlée power-trio, même s’il faudra convaincre les incrédules qu’on tient là un power-trio, le premier du genre, sans guitariste ! Si vous pensez instinctivement à Morphine, n’y pensez plus : on parle ici d’un pendant américain à Supergrass, pas au Temesta. Car cet exercice […]
Evidemment, Ben Folds Five est un trio. On risquerait volontiers l’appellation contrôlée power-trio, même s’il faudra convaincre les incrédules qu’on tient là un power-trio, le premier du genre, sans guitariste ! Si vous pensez instinctivement à Morphine, n’y pensez plus : on parle ici d’un pendant américain à Supergrass, pas au Temesta. Car cet exercice à la Perec de bannissement du plus fondamental ou supposé tel des ingrédients dont le rock fait ses sauces donne lieu, accessoirement, au disque le plus fougueux, mélodieux, éblouissant et surexcité de l’année. Etonnant, non ? Affranchi de cette sacro-sainte tutelle à six cordes, le « rock-punk pour fillettes » de Ben Folds Five tel qu’il est défini par sa figure centrale, le pianiste Ben Folds ne possède ainsi aucun équivalent dans notre répertoire : personne n’avait songé jusqu’ici à faire taire les guitares souveraines pour laisser parler un piano quart de queue, une basse fuzzybarde et une batterie. Sacrée trouvaille. Avec, en contrepoint, une chantilly de voix directement prélevée sur les Raspberries, un brio mélodique squeezé chez Squeeze, une production à tiroirs digne du meilleur Todd Rundgren et des textes délibérément potaches I met a girl who looks like Axl Rose , Ben Folds Five n’accuse aucune carence en vitamines et nul embonpoint. Le piano, meuble axial autour duquel rien ne tourne tout à fait rond, offre une panoplie d’acrobaties une valse chavirée ici, un ragtime déréglé là à faire passer tous les groupes à guitares pour de sacrés manches.
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