Habituellement caché derrière l’alias Six Organs of Admittance, le Californien livre une prodigieuse collection de thèmes instrumentaux.
Dire que Ben Chasny a ratissé tout au long de sa carrière les plaines arides, paysages désolés et autres contrées luxuriantes d’un monde qui ne mérite pas toujours que l’on s’attarde sur son sort est d’une banalité coupable. Pire, c’est une facilité rhétorique qui aura bien du mal à dire combien l’Américain a dû éprouver l’existence pour restituer un matériau sonore aussi ample et pléthorique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Plus connu sous le sobriquet de Six Organs of Admittance, alias prétexte à toute forme d’expérimentations, Chasny s’autorise, avec The Intimate Landscape, une échappée acoustique pour le compte de KPM Music, label britannique phare de la library music, façon de rendre à la musique toute sa dimension cinématographique.
Pensé comme une errance contemplative, sorte de négatif du récent The Veiled Sea (2021) et son brouhaha électrique faisant écho aux quêtes bruitistes de Low, cet aparté discographique est une collection de thèmes à la guitare mise en boîte lors d’une retraite dans les Catskill Mountains, ponctuée de chœurs et de synthés discrets (sublime Six Diamonds) comme pour mieux donner un reflet métallique à cet ensemble dépouillé au minimalisme trompeur.
Hasard du calendrier, The Intimate Landscape sort un mois après le Letting Go de Hayden Pedigo, un album instrumental façonné à la 12 cordes par le kid d’Amarillo, Texas, en forme de trip intérieur projeté au format CinemaScope. Plusieurs générations séparent Ben et Hayden, pourtant les deux artistes semblent jouer depuis le même porche, sous une pluie de débris de météorites. Et posent cette même question : le réveil écologique pourra-t-il sauver les horizons chatoyants de ces impressionnistes ?
The Intimate Landscape (Drag City/Modulor). Sortie le 5 novembre.
{"type":"Banniere-Basse"}