En concert au Zénith de Paris mercredi 29 mars, Beck a prouvé que le plébiscite reçu par son récent Midnite Vultures ne lui avait pas fait perdre les pédales. Devant une salle pleine à craquer, le génial blondinet californien a pris tous ses tableaux d’honneurs pour se les casser sur la tête.
Mercredi soir au Zénith, tout le monde attendait Beck et personne ne se souciait visiblement de la pauvre Beth Orthon, toujours très touchante avec ses faux-airs de cousine sympa et un peu timide. Plantée devant le rideau noir qui masquait le grand Barnum à venir de Beck, la cousine Beth s’efforçait de trouver une petite place dans une salle trop grande pour ses jolies miniatures folk. Mais, injustement délaissée pour un détour au bar ou un slalom dans les allées, l’anglaise un rien démotivée glissait discrètement une reprise du No Expectations des Stones avant de céder tout doucement sa place au gringalet californien.
La salle complètement remplie, Beck pouvait débarquer entouré de son Big Bazar et moulé dans un T-shirt flanqué d’un gros numéro 88, au beau milieu dans un décor mi-concept mi-n’importe quoi (synthé monté sur ressort, podiums bubblegums et espèces de tubes de chantier grimpant au plafond). Les plus trouillards craignaient alors de devoir troquer définitivement leur slacker authentique contre un nouveau riche branché toc.
Heureusement, Beck, toujours féru de vieilles casseroles, ressortait tout de suite ses bonnes grosses tambouilles maison : Beercan sauce graillon, Loser sur canapé, Tropicalia et son coulis bossa. A grands renforts de break dance et de beats déglingués, le Californien rassurait tout son monde. Le fan le plus inquiet avait alors retrouvé son Beck à lui, et pouvait saluer tranquillement l’arrivée en grandes pompes des créatures electro-funk du récent Midnite Vultures (avec en tête de cortège le réjouissant Milk and honey, rejeton caché des partouzes entre Kraftwerk et l’écurie Tamla Motown). En plein milieu de la très moite et rutilante Debra, un lit aux draps de satin rouge descendait subitement du toit pour se poser sur scène et accueillir les langoureuses complaintes d’un Beck magnifiquement parti en sucette – quelque part entre un Prince mielleux et la Madonna échaudée du Blonde Ambition Tour. A peine descendu de son plumard, le blondinet renvoyait ses musiciens en coulisses pour son traditionnel solo acoustique, attrapant au passage son harmonica pour un très redneck One foot in the grave.
De retour dans sa loge pour souffler un peu, Beck donnait carte blanche à son DJ pour un set décalé (avec un massacre en règle du Eye of the tiger de Survivor, B.O. de Rocky 3), et quelques scratches plus tard, revenait à la charge avec des gros tubes efficaces, Sexx Laws et Devil’s haircut. Pour se terminer en beauté, après deux grosses heures de concert, toute l’équipe se livrait à un mini-happening sur fond d’électro, simulant une bagarre molle et arrachant au ralenti les gros tubes de chantier pour s’enrouler dedans en hurlant. Apothéose complètement dingue et finalement terriblement rassurante sur l’état du Beck : même passé à l’étage supérieur, le Californien continuera toujours à rentrer par la fenêtre.
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