“Je n’ai pas peur d’être ta gonzesse/ Je n’ai pas peur d’être ta pute.” Jill Scott n’a peur de rien. Son second album studio s’ouvre pourtant sur des mots dont on doute qu’ils aient leur place dans la bouche d’une petite fille comme celle qui figure plein cadre sur la pochette. Le titre, Beautifully Human, […]
« Je n’ai pas peur d’être ta gonzesse/ Je n’ai pas peur d’être ta pute. » Jill Scott n’a peur de rien. Son second album studio s’ouvre pourtant sur des mots dont on doute qu’ils aient leur place dans la bouche d’une petite fille comme celle qui figure plein cadre sur la pochette. Le titre, Beautifully Human, tend du reste à certifier que le vrac des confessions intimes déballées relève bien de l’élite des comportements humains, non d’une quelconque inclination à l’exhibitionnisme. Ce qu’elle chante n’est d’ailleurs jamais atteint par le vulgaire. C’est la manière, plus que le contenu, qui édifie. Ainsi sur Bedda at Home, Jill Scott jouit. Tout à fait. Au beau milieu de cette saynète nu-soul, où elle avoue à un homme que si lui a le don de la faire grimper aux rideaux, son régulier à la maison lui fait atteindre d’autres sommets (« par son intelligence et son respect absolu !« ), elle se lâche et émet un son sensationnel, et ascensionnel, plus proche de la triomphante chorale des ovaires le soir au fond des draps que de la configuration classique du chant r n’b.
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L’art de Jill Scott mêle ainsi des dispositions qui ont béni les plus grandes interprètes du genre. On pense notamment à Aretha Franklin, qui savait faire resplendir sa sensualité tout en ne cédant rien de sa dignité. Ce féminisme non féministe vient de trouver en Jill Scott sa figure contemporaine la plus palpitante. Car il faut une sacrée estime de soi, mais aussi un certain sens du sacrifice, pour allonger ainsi une bonne dizaine de chansons toutes consacrées à proclamer sa soumission (The Fact Is et Whatever étant les plus définitives) et sortir de cet exercice éprouvant, voire avilissant pour tant d’autres, comme magnifiée (le très beau Still Here). Avec l’autobiographique Family Reunion et cet hommage rendu à Rasool ? gamin du ghetto tombé sous ses yeux quand elle avait 15 ans ?, Jill Scott veille à donner d’elle-même l’image d’une jeune Afro-Américaine saine, désirante, affranchie et responsable, pour qui la musique n’est que le prolongement de l’élan amoureux comme du processus de fécondité. Avec ce Beautifully Human, elle vient de donner le jour à un fort beau bébé, accouché par les mains expertes de James Poyser, du duo Vidal et Andre, et de Rafael Saadiq. Et devinez ! C’est une petite fille, qui évidemment ressemble beaucoup à sa maman.
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