L’objectivité et la vertu voudraient que cette chronique se limite à une maigre phrase, It’s all shit, par ailleurs titre de la treizième chanson du nouvel album d’Iggy Pop. Et l’impression de s’être royalement fait foutre de soi exigerait une démolition en règle d’un disque éhontément conforme à ce qu’Iggy nous jurait il y a […]
L’objectivité et la vertu voudraient que cette chronique se limite à une maigre phrase, It’s all shit, par ailleurs titre de la treizième chanson du nouvel album d’Iggy Pop. Et l’impression de s’être royalement fait foutre de soi exigerait une démolition en règle d’un disque éhontément conforme à ce qu’Iggy nous jurait il y a deux ans ne plus jamais vouloir commettre : « un autre album de gros rock qui tache« . De fait, Beat ’em up s’ouvre sur une charge de tambours brontosaures et se résume pour l’essentiel à une saumâtre arnaque. Au menu : chicots de Raw power, grumeaux de hard rock paléolithique et truellées de heavy-metal, le tout nappé d’une nauséabonde mélasse skate-punk. Mais, on avouera que, comme tout grand désastre, Beat ’em up rechigne à se laisser ignorer. Et, à sa façon bornée et mal embouchée, constitue un autoportrait largement aussi révélateur que l’étaient les perles introspectives d’Avenue B. Fausses chansons, pleines de francs trépignements, d’authentique rogne et de hurlements (Howl), abreuvées d’eau rejetée par les cuves de quelque centrale atomique : s’il est facile de faire sortir Iggy de Detroit, pas moyen de faire sortir Detroit d’Iggy. Entre deux bordées d’obscénités blindées, l’humour refuse de crever : Jerk et surtout VIP, hilarant talking-blues final, confirment qu’Iggy est dorénavant un excellent comédien et un des meilleurs satiristes du petit cirque rock. Sous cet angle, Beat ’em up et Avenue B constituent finalement les deux volets d’un même diptyque comique, la bêtise libératrice prenant ici le relais de la subtilité stylée.
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