Be special

Joyrider on the storm. Romantiques, coléreux et le refrain à vif, ces Irlandais rappellent les glorieux Undertones. En plus petit.

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Irlandais de la tête aux pieds. Armé de cet indéfectible esprit qui fit des Undertones, de Therapy , de Thin Lizzy même, les plus dignes représentants de leur catégorie respective, Joyrider reprend le flambeau à un moment difficile, alors que les artificiers de l’Ulster indépendantiste se rappellent au bon souvenir de l’occupant anglais. Pourtant, malgré une dose conséquente d’amidon punk, Joyrider n’a pas les attitudes martiales, paramilitaires quasiment, des Stiff Little Fingers. Ses guitares s’avèrent aussi rigides qu’une position du Sinn Fein, mais ses colères se consument de manière plus pastel. Et là, bien sûr, l’ombre fatale des Undertones s’incruste en filigrane. Même sens du petit refrain à vif, mêmes mélodies ados terriblement efficaces. Même Irlande prolétaire où l’on subit les tensions sans les attiser. Si la guerre peut être évoquée au détour d’une romance de porte cochère, les images retenues s’apparentent plus à celles de Cria cuervos que d’Apocalypse now. Il y a quelque chose d’éminemment enfantin dans l’aisance et la vigueur des singles Fabula e ou Vegetable animal mineral. De l’insouciance et de l’indiscipline, de chaque plaie et plaisir de l’enfance, Joyrider cultive la face ludique et énergétique. Leur nom fait d’ailleurs référence à ces gosses inconscients ­ pléonasme mortel en l’occurrence ­ qui bravent les balles après le couvre-feu. Eclos sous l’aile protectrice d’Andy Cairns de Therapy et de son label Paradox, Be special bénéficie à la fois du renouveau destroy et d’une fougue génésiaque peu commune. A défaut de changer le cours de l’histoire, ce disque vert et frais s’y sert sans vergogne, comme d’autres doublent leur argent de poche en puisant directement dans les poches à papa. Rien de franchement spécial en fait, juste une autre victoire de la jeunesse.