On ne perdra pas son temps à chercher des poux à Pete Townshend (il est chauve), à lui sonner les cloches (il est désormais sourd) ou à revenir sur les promesses sempiternellement trahies de My generation. Ses années d’agitation feront éternellement pardonner trois décennies de cogitations gonflantes : de 1965 à 1972, les Who furent […]
On ne perdra pas son temps à chercher des poux à Pete Townshend (il est chauve), à lui sonner les cloches (il est désormais sourd) ou à revenir sur les promesses sempiternellement trahies de My generation. Ses années d’agitation feront éternellement pardonner trois décennies de cogitations gonflantes : de 1965 à 1972, les Who furent un groupe d’une puissance et d’une sauvagerie inouïes, une des plus phénoménales machines de guerre d’un art jeune et conquérant. Quatre garçons dans la tempête : John Entwistle, bassiste surnommé Le Bœuf, et effectivement toujours prêt à encorner une mélodie, Keith Moon, batteur strombolien affligé d’une tripotée de tarentules au plafond, Roger Daltrey, chanteur tout en torse (bientôt nu), boucles blondes et moulinets de micro, Pete Townshend, guitariste encombré par un tarin de tapir et une inextinguible soif de revanche. Au départ, les Who s’appellent les High Numbers et, idoles des mods, en pincent pour les fringues françaises, les scooters italiens et la musique noire américaine (de James Brown à Tamla-Motown, avec un écart du côté des Beach Boys). Sous les terribles torgnoles soniques, un humour cynique égare la pop dans de sombres traquenards. Au sein du groupe règne pourtant une haine cordiale. Prises de bec, nerfs en pelote : les Who ne respectent rien, claquent les portes (et leur pèze, en nippes), collent force coquards au pop-art, font les Jacques avec l’Union Jack. Leurs frasques fascinent les échotiers, leurs singles cinglés et sarcastiques dévastent Soho, affolent la meute à Brighton et font du gringue aux radios pirates. A la BBC, régulièrement invités au Saturday Club, les Who y alternent interviews tirées à quatre épingles et versions débraillées de leurs hits du moment – sur la vénérable institution britannique, ils remportent ainsi une fulgurante série de victoires par chaos, ici assemblées.
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