Quatre ans après “Brutalism”, Jonny Pierce revient avec un disque miroir ouvrant directement sur son âme.
Peut-on se mettre plus à nu que Jonny Pierce sur le sixième album de The Drums, projet qu’il porte seul depuis 2016 ? Si, très tôt dans sa carrière, il s’est confié sur sa vie, son héritage familial, la dépression ou son homosexualité, Abysmal Thoughts (2017) puis Brutalism (2019) marquaient un changement important dans la façon dont il envisageait son art.
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Pierce était désireux de nous ouvrir grand les portes de son intimité en faisant sauter l’une après l’autre toutes les barrières érigées par une enfance marquée du sceau de la souffrance et des frustrations. À ce titre, Jonny ressemble fort à un nouveau pas de géant vers une introspection totale, sans retenue.
Une plongée dans des eaux agitées
Il y a d’abord l’artwork, fondamental : Jonny Pierce pose nu dans différentes pièces du foyer parental, là même où écouter la musique qu’il aimait plus jeune lui était interdit. Difficile de faire plus symbolique pour un homosexuel élevé dans le carcan d’une famille au sein de laquelle le père, pasteur, et la mère prêchaient dans des rassemblements anti-gay. Il faut ensuite écouter avec attention, car Pierce se livre tout entier au gré des seize titres qui font de Jonny une plongée dans les eaux agitées de son histoire personnelle.
On en a l’habitude désormais, l’electro-pop tonique de The Drums et ce songwriting enchanté qui rappelle parfois le génie de Paddy McAloon (Plastic Envelope, Obvious ou The Flowers, notamment) contrastent avec des textes souvent sombres, empreints de mélancolie. Mais si les histoires d’amour passées sont parfois difficiles à oublier (I Want It All, I’m Still Scared), Jonny a pour son auteur des allures de thérapie.
Sur Better, qui fera danser tout l’automne, l’amoureux transi et déçu fait sienne la maxime “mieux vaut être seul·e que mal accompagné·e” (“My sweet little charmer/I want to give you all of my body/But my loneliness fucks me better than you do”).
Surtout, il semble aujourd’hui armé pour regarder son passé droit dans les yeux, qu’il évoque sa mère sur Harms (“She didn’t teach me love/She didn’t teach me trust”) ou l’environnement familial en général sur Protect Him Always. Et c’est comme lui, avec tendresse et admiration, que l’on contemple l’éclosion magnifique de celui qui fut Little Jonny, malgré les obstacles et les blessures.
Jonny (Anti-/PIAS). Sortie le 13 octobre.
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