Inspirée par Los Angeles et les années 1980, l’Anglaise se réoriente vers une electro-pop sensuelle.
Trois ans après son concept-album The Bride, élaboré dans la nature sauvage des Catskills, Natasha Khan continue son exploration des Etats-Unis, direction la West Coast et Los Angeles, où elle a enregistré Lost Girls. Comme toujours, l’Anglaise ne conçoit pas ses disques comme un patchwork hétéroclite, préférant une trame homogène pour relier ses chansons autant dans leurs thèmes que dans leurs sonorités. Cette fois, elle a imaginé un gang de filles maléfiques tout droit sorties d’un road-movie californien, dans un esprit aussi féministe que mystique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
Les aventures de ces Lost Girls se déroulent sur fond de synthés eighties, de boîtes à rythmes et d’échos abyssaux. Née en 1979, Natasha Khan rend ici hommage à la pop synthétique omniprésente dans son enfance, assumant sa nostalgie pour cette décennie en plein revival – la déferlante Stranger Things est passée par là. Quelques-uns de ces dix morceaux dérouteront peut-être les fans de la première heure, qui n’y retrouveront pas le folk teinté d’electro de Fur and Gold. Depuis ce premier album paru en 2006, cette femme qui court avec les loups s’est aventurée loin de son grenier et même de son pays pour vivre sa bohème.
Ce cinquième album revendique son goût pour la pop et pour les refrains accrocheurs (les très réussis So Good et Feel for You), sans pour autant renier son talent inné pour les torch-songs au piano (en particulier sur Mountains, splendide conclusion). Certaines expérimentations s’avèrent un brin moins convaincantes : sur l’instrumental Vampires, une basse d’outre-tombe à la Cure côtoie un incongru solo de saxophone. Fil d’Ariane des dix titres méticuleusement arrangés, la voix veloutée de Natasha Kahn n’a perdu ni son panache ni sa sensualité, et encore moins son pouvoir d’ensorcellement. Capable de susurrer des berceuses comme de jeter des sorts, ce timbre fascinant transcende des compositions (comme les singles Kids in the Dark et The Hunger) qui, interprétées par d’autres voix plus passe-partout, ne produiraient pas un effet aussi enivrant.
Lost Girls (AWAL Recordings/PIAS)
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}