La chanteuse creuse le sillon de l’intime, arrive près de l’os, et c’est mieux comme ça.
Le quatrième album de la native d’Athens (Georgie) lui permet apparemment de s’affranchir de la prestigieuse lignée qui, de Billie Holiday à Karen Dalton, unit ces vocalistes vacillant entre blues et jazz, mais ondoyant toujours, comme en jeu, autour des mélodies. La responsabilité en incombe en premier lieu au bassiste et producteur Larry Klein (longtemps compagnon de route de Joni Mitchell, ou accompagnateur du trompettiste récemment disparu Freddie Hubbard), qui propose à la chanteuse d’audacieuses incursions dans un imaginaire à la Leonard Cohen, un tendre violon à la Stéphane Grappelli, ou des rythmes tressautant qui donnent envie de réécouter les premiers albums de Steely Dan (le guitariste Walter Becker participe à You Can’t Do Me). Surtout, s’évadant des albums entiers de reprises (Careless Love, 2004), ou des visites emblématiques (La Javanaise de Gainsbourg en 2006), Madeleine Peyroux participe ici à la composition des onze chansons, choisissant l’écriture intimiste. La femme dans la solitude nocturne d’une rue parisienne (Our Lady Of Pigalle), les références explicites au père, le sentiment exacerbé de perte, ne fleurent-ils pas l’autobiographie ? Cette épure s’applique également à l’enregistrement (peu de prises, pour un disque enregistré dans les conditions du direct) et au chant. Comme si l’Américaine avait décidé d’oublier les affèteries, la sophistication poseuse de ses premiers disques pour s’offrir enfin fragile et sincère. Bare Bones (plus près de l’os), album de confidences, et de nuit. Toutes les nuits.
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