Aunt Leah, Shoshana’s balcony & Emma Goldman’s wedding.
Chorégraphies de Barak Marshall Les chants judéo-arabes de sa mère (la chorégraphe Margarit Oved), les danses ethniques indiennes, mexicaines ou orientales auxquelles Barak Marshall s’est formé imprègnent ses compositions dans un geste désormais largement revendicatif : « Le rythme violent de la société israélienne influence certainement toute création. Lorsque je mets de la musique klezmer dans un spectacle, c’est un choix sociopolitique car elle a été trop longtemps mise de côté. Je veux lier mon travail aux origines car ici, ce qui existe ne prend pas en compte la culture ancestrale (yiddish, arabe, orientale). Ils ont essayé de construire comme si rien n’avait existé avant.« Tel est le point de vue de ce chorégraphe installé depuis quatre ans à Tel-Aviv, né aux Etats-Unis d’un père juif, autrichien et américain et d’une mère originaire du Sud-Yémen.
Manière de pointer du doigt l’exil intérieur ayant alors succédé à l’antique transhumance d’une diaspora disséminée aux quatre coins du globe. Le goût du collage de tableaux, d’instants cristallisés alternant la danse, le chant et la parole sont, eux, bien américains. La nonchalance des transitions entre chaque séquence nous rappelle que Barak Marshall fut figurant dans Viktor de Pina Bausch, chanteur dans des comédies musicales telles qu’Evita, Chorus line… Enfin, on se remet en tête ses études en sciences humaines, littérature et philosophie à Harvard, sa formation musicale et théâtrale, sans oublier qu’il fut, enfant, le spectateur attentif des chorégraphies « atypiques » de sa mère. Avec sa formation tout-terrain, Barak ne pensait pas une seconde s’engager sur le terrain de la danse. Pourtant, à la mort de sa tante maternelle, naît une première pièce, Aunt Leah, construite en quatre temps, quatre passages ritualisés. Emma Goldman’s wedding s’inspire du parcours radical de l’une des figures majeures du socialisme et du féminisme américain. Ce qui sauve Barak Marshall du didactisme militant, c’est son énergie, son enthousiasme et son humour. Contrepoints efficaces et salvateurs : ça décoince là où ça coince…
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