Le meilleur de la country et du folk américains peut se traduire en français. La preuve.
La première chose qui frappe et qui attrape chez Baptiste W. Hamon, c’est sa voix. Grave, profonde, enveloppante, elle vous emporte d’emblée et ne vous lâche plus – comme ont pu le faire ces dernières années celles de Mirel Wagner ou d’Alela Diane. A l’entendre, on jurerait qu’il s’agit de la voix d’un vieux briscard ayant trimballé partout sa carcasse et sa guitare. Semblant avoir largement dépassé le cap de la quarantaine, cette voix appartient pourtant bel et bien à un jeune homme d’à peine 30 ans, auquel l’avenir adresse déjà de larges sourires.
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Après divers enregistrements restés à l’époque confidentiels, Baptiste W. Hamon est sorti de l’ombre en 2014. Présente sur le volume 3 des indispensables compilations La Souterraine, la splendide chanson Les Bords de l’Yonne a permis à beaucoup de le découvrir – et les a incités à le suivre de très près. Vont venir ensuite Quitter l’enfance (2014), Ballade d’Alan Seeger (2015) et Nouvel été (2015), trois ep de toute beauté qui aideront à mieux connaître ce moderne ménestrel oscillant si élégamment entre références d’ici et influences d’ailleurs, entre chanson de France et country-folk d’Amérique.
D’un côté à l’autre de l’Atlantique, diverses figures tutélaires – en particulier Jacques Bertin et Townes Van Zandt, deux outsiders majeurs à redécouvrir d’urgence – planent ainsi au-dessus de L’Insouciance, premier album absolument resplendissant. Enregistré à Nashville, il bénéficie de la production rutilante de Mark Nevers (Vic Chestnutt, Silver Jews, Lambchop) et de la participation étincelante de Bonnie Prince Billy sur Comme la vie est belle, joyau ciselé en duo.
Incluant deux autres duos – l’un avec Caitlin Rose (It’s Been a While, seul titre chanté en anglais) et l’autre avec Alma Ferrer (Peut-être que nous serions heureux, une pure merveille) –, l’album comprend au total onze chansons. Empreint de mélancolie, l’ensemble ne s’abîme jamais dans la morosité mais s’élève au contraire dans une intense luminosité. Du début à la fin, faisant preuve d’une justesse vibrante dans ses textes autant que dans sa musique, Baptiste W. Hamon déploie une ardente singularité et s’affirme comme l’une des plus belles voix de sa génération.
Concert le 19 mai à Paris (Café de la Danse)
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