24 ans à eux deux, trente ans de rock’n’roll en eux et pas l’ombre d’un doute. Même Bowie (60 ans cette année) est fan des Tiny Masters Of Today .
Certes, la valeur n’attend pas le nombre des… invités. Mais il nous faudra bien reconnaître cette propension inouïe des gamins de Tiny Masters Of Today à fédérer autour de leur berceau une impressionnante mêlée de chaperons barrés. Mettent donc la main à la pâte noisy et morveuse de ce premier album : Russel Simmins (Blues Explosion, à la production et aux percussions), Fred Schneider (B-52’s), Gibby Haines (des dangereux Butthole Surfers, le seul de mes amis dont ma propre mère ignore l’existence !), Karen O (Yeah Yeah Yeahs), Kimya Dawson… Même David Bowie y va de sa larme paternelle en les évoquant.
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Alors quoi ? Quoi de plus chez ces deux mioches de respectivement 11 et 13 ans pour mériter tel adoubement ? Strictement rien en fait. Et justement, c’est avant tout la virginité et le dénuement qui séduisent sous l’agression sonique. L’absence de tout, la distance, la candeur et l’insouciance comme seule charpente ne génèrent du coup que vérité et essentiel. Evidemment, il n’est pas question ici de minimalisme arty et calculé, c’est juste qu’à cet âge on n’a pas envie de s’alourdir le cartable. Une GameBoy, un lance-pierre, et la vie est belle. Avec deux guitares poids plume en bandoulière et des voix en pleine mutation, Ivan et sa petite sœur Ada jouent à la guerre destroy avec des panoplies bricolées à la main. Strictement punk et décharnées le plus souvent, leurs miniatures relèvent autant d’un Suicide de lait que de Runaways sans saccharose.
Mais là déjà, ce sont les anciens qui jugent et parlent, leurs bibles sous le bras, de Sonic Youth ou PIL pour les dérapages grinçants de Hey Mr DJ ou Tooty Frooty, de Jon Spencer ou des White Stripes bien sûr, de l’hypnose amidonnée des Jesus And Mary Chain ou du premier jet des Germs… Comme si les deux marmots de Brooklyn se souciaient de tous ces gens encore plus vieux que leurs parents pour écrire les microhits martelés et malins que sont Stinkin’ It to the Man, Radio Riot ou Book Song. Sûr qu’ils s’en moquent comme de leur première layette. Eux s’amusent et rêvent en marge du monde, comme tous les enfants. Juste que leurs jouets ressemblent drôlement à ce circuit électrique qu’un père offre à sa descendance pour en profiter aussi. Juste que leurs jeux sont notre éternelle madeleine.
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