Un album profond qui redonne ses lettres de noblesse à l’indie-pop US.
De son passé électrique et saturé encore récent, le groupe de Benjamin Bridwell a conservé sur ce quatrième album quelques réminiscences qui surgissent dans un climat d’ensemble plutôt serein, à la manière de minitornades, comme sur le strident Feud. De sa contrée d’adoption, Mount Pleasant (tout un symbole) en Caroline du Sud, le groupe de Seattle a en revanche intégré massivement la mélancolie ambrée d’un folk-rock semblant découler des sources mêmes du pastoralisme « emersonien » le plus exalté.
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Depuis quarante ans, cette tradition traverse, de Neil Young aux Fleet Foxes, le paysage musical d’est en ouest avec pour mission de rédimer certaines valeurs fondamentales du pays profond. Ainsi ce Mirage Rock est-il avant tout une oeuvre de transition, entre deux territoires, entre rock pointu et mainstream. Dumpster World y mérite mention pour son intrigante bipolarité, avec une première partie à la douceur élégiaque rappelant Crosby, Stills, Nash & Young et surtout America, alors que le pont qui suit tangue dangereusement sous un orage grunge. Ce morceau trahit à la fois un syndrome affectant ce disque, plutôt très plaisant, mais aussi toute cette génération de groupes américains portant barbe et chemise à carreaux qui, en quête d’un idéal, se réfèrent à l’humanisme hippie des années 60 et 70, pensant pouvoir ainsi dépasser le vide idéologique de notre époque. Un mirage en effet.
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