Après une décennie sombre, le Britannique à bonnet Damon Gough revient avec l’album pop le plus glorieux, réconfortant et honnête que vous entendrez cette année.
Dix ans après le précédent album de Badly Drawn Boy, It’s What I’m Thinking (Part One Photographing Snowflakes) – premier chapitre d’une trilogie sans lendemain –, on aurait presque fini par oublier le songwriter mancunien au bonnet rayé, qui a pourtant enchanté la décennie 2000, à l’instar du label qu’il avait fondé avec son compatriote Andy Votel : Twisted Nerve, singulier refuge de têtes chercheuses syncrétiques (Alfie, Dakota Oak, Misty Dixon, Sirconical…).
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Rappelons d’ailleurs que l’inaugural The Hour of Bewilderbeast (2000) remporta le Mercury Prize, au nez et à la barbe de Richard Ashcroft, Death In Vegas et Coldplay. Souvent courtisé par le milieu du cinéma (on se souvient encore de sa superbe bande originale du film About a Boy, l’adaptation du livre de Nick Hornby, en 2002), Damon Gough aurait fait un bon sujet scénaristique tellement il a touché les tréfonds de l’existence pendant une décennie 2010 vertigineuse.
Cure de désintoxication, mariage et nouvelle paternité
Quitté par sa dulcinée et mère de leurs deux enfants, un soir de réveillon de Noël 2012, Damon Gough plonge dans l’alcool et la dépression, traversant des années sombres et fantomatiques. “Je déteste me dire que ça fait dix ans, explique-t-il. Cela pourrait sous-entendre à quel point j’ai été flemmard, mais ça ne me dérange pas de raconter la vérité à ce sujet. Parce que cela aide à comprendre ce qui m’est arrivé.”
Après une cure de désintoxication dans le Kent, un mariage et une nouvelle paternité, Badly Drawn Boy revient donc avec ce sixième lp absolument inespéré, Banana Skin Shoes, dont la légèreté du titre dit beaucoup de la métamorphose de son auteur, qui pensa un temps l’intituler A Pocket Guide to a Midlife Crisis. D’ailleurs, dans l’un des morceaux les plus touchants du disque, Badly Drawn Boy chante I Need Someone to Trust. Sur un titre plus cathartique, I Just Wanna Wish You Happiness, il solde définitivement les comptes avec son ancienne compagne.
Dans un registre plus léger, Funny Time of the Year, on entend même Badly Drawn Boy faire quelques œillades à la mélodie de Silent Sigh, son single tubesque extrait d’About a Boy. Œuvre à forte résonance autobiographique, Banana Skin Shoes permet enfin de replacer l’un des plus brillants songwriters britanniques des vingt dernières années dans le circuit rock. Avec le printemps enfin déconfiné, revient aussi Badly Drawn Boy parmi nous.
Banana Skin Shoes (AWAL Recordings/PIAS)
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