Après un passage par le festival This Is Not A Love Song à Nîmes, les Anglais de Bad Breeding ont démontré leur furie scénique dans la petite cave de la Mécanique ondulatoire, à Paris, mardi 2 juin. On y était, on vous raconte.
Il fait une chaleur moite dans la cave de la Mécanique ondulatoire en ce mardi soir. Pourtant, pas grand monde ne s’est déplacé pour assister au concert des Anglais de Bad Breeding, qui se consolent, l’air penaud, en s’envoyant quelques bières au bar. Voyant les têtes se tourner vers eux, les quatre lascars se décident finalement à grimper sur la petite scène nichée sous la voûte en pierre.
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La première déflagration donne un bel aperçu de ce qui va suivre : à savoir un déferlement de sauvagerie punk qui oblige une assistance presqu’effrayée à se rabattre sur les bouchons d’oreille. Les Bad Breeding jouent leurs morceaux très fort et très vite, comme si un sablier connu d’eux seuls s’écoulait quelque part dans la pièce. Il ne s’agit pas ici de révolutionner la musique mais de célébrer le punk crasse, l’animalité inhérente au rock, de nous renvoyer à notre primarité, et ça fait un bien fou.
A peine a-t-il posé un pied sur scène que le chanteur aux faux airs de Tom Hardy bedonnant se transforme en bête sauvage, l’œil fou et l’air hagard. Un peu plus et on croirait voir de la mousse écumer à ses lèvres. La démarche vacillante, toujours sur le point de s’étaler par terre (ce qui lui arrive plusieurs fois, tout de même), il éructe, hurle, vitupère, se déchaîne avec la violence d’un ours en cage. C’est titubant, comme croulant sous le poids d’une colère qu’il porterait sur ses épaules depuis des millénaires, qu’il parcourt le public à plusieurs reprises, effrayant certains, en fascinant d’autres.
Tandis que le batteur martèle son instrument comme si sa vie en dépendait, l’un des guitaristes, torse nu, rejoint le chanteur dans le public et frotte sa guitare contre les murs de pierre, en un geste à la fois érotique et rageur. Tous deux finissent par rejoindre la scène, le chanteur s’écroulant par terre, le guitariste lui collant son instrument sur le visage. Le duo est sale et sauvage, à l’image de son concert, court (une petite demi-heure, bien suffisante) mais intense.
Dans dix ans, on découvrira peut-être que Bad Breeding était en fait un projet d’art contemporain, porté par une poignée d’artistes radicaux inspirés par les écrits du Marquis de Sade. Un délire à la Shia LaBeouf, en beaucoup plus inspiré.
En bonus: leur concert au Festival des inRocKs-Philips en novembre dernier.
http://www.dailymotion.com/video/x29iivi
Bad Breeding (full concert) – Live @ Festival… par culturebox
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