Etonnant à quel point ce disque aura réussi la gageure de nettoyer en moins d’une heure les abords de la platine de toutes ses approximations rap. D’autant plus surprenant venant de la part d’un duo légendaire qu’on croyait définitivement perdu pour la science depuis sa séparation brutale il y a cinq ans, après quatre albums […]
Etonnant à quel point ce disque aura réussi la gageure de nettoyer en moins d’une heure les abords de la platine de toutes ses approximations rap. D’autant plus surprenant venant de la part d’un duo légendaire qu’on croyait définitivement perdu pour la science depuis sa séparation brutale il y a cinq ans, après quatre albums auxquels on cherche encore des failles. Aussi inattendu que venimeux les calomnies fusèrent d’un camp à l’autre durant plusieurs années , ce divorce accabla la nation hip-hop tout entière : la rupture entre Eric Sermon et Parrish Smith marquait la fin d’une époque, celle d’un âge d’or où le hardcore-funk faisait encore preuve d’humour sans céder aux sirènes du R&B (heureusement, Cypress Hill et quelques autres nous permirent de ne pas désespérer). Seul Redman, protégé et produit par Erick Sermon, assuma l’héritage avec panache quand tant d’autres firent un festin sur le dos du macchabée. Fruit d’une réconciliation que l’on aurait du mal à interpréter autrement qu’opportuniste après le flop relatif de leurs albums solo respectifs, ce retour inespéré n’en reste pas moins un souverain bain de fraîcheur. Certes, EPMD ne fait jamais que ce qu’il a toujours fait le mieux : du pur EPMD. L’alchimie entre les deux partenaires fonctionne comme aux premiers jours et parvient à ressusciter un bonheur qu’aucune ombre de nostalgie ne vient ternir. Impossible de résister à ces beats fulgurants, à ces samples simplissimes mais imparables (Zapp, Barry White, Meters, Kool & The Gang, mais aussi Mobb Deep, P. E. et les Beastie Boys) et à ces dialogues impeccables, au phrasé ondulant. Si le duo de Long Island n’a jamais été manchot au micro, on ne prend même pas la peine de décortiquer les paroles tant la musique parle d’elle-même, direct au plexus et à l’arrière-train. A ce petit jeu, Eric Sermon sort largement gagnant, signant la majorité des hymnes en puissance de cet album, dont Intrigued (avec Das Efx), Richter scale, Never seen before, Get with this, Do it again, You got 2 Chill 97 et K.I.M. (avec Redman et Keith Murray). A raison, EPMD affirme ne pas craindre la concurrence : ces temps-ci, c’est encore avec la formule « retour vers le futur » qu’on façonne les meilleurs raps.
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