Avant une tournée en France dans les prochains mois, on a vu le musicien franco-libanais sur scène lors de son passage au festival Eurosonic, à Groningue, aux Pays-Bas. C’était magnifique.
Le concert se termine avec une version longue du morceau Lemon, un truc incroyable qui entremêle la voix chaude de Bachar Mar-Khalifé et les sons aigus qu’il fait sortir de son synthé. Le public n’a rien vu venir mais il est en transe, complètement retourné par un concert comme on en voit trop rarement : bouleversant à la fois d’émotion, de finesse et d’efficacité. Dogan Poyraz, le batteur fou de Bachar Mar-Khalifé, porte d’ailleurs un t-shirt sur lequel on peut lire: « LOVE & TRANSE ». L’art subtil et puissant du franco-libanais résumé en deux mots.
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Quelques jours après le concert, on débriefe par téléphone :
« Un concert, pour moi, c’est quelque chose de risqué, de pas banal, qui est loin d’être naturel. C’est un instant éphémère, mais qui laisse des traces. J’ai pris conscience récemment de l’effet que mes concerts pouvaient avoir sur les gens. Je veux mettre en avant mon amour pour la danse et la transe. Nous avons besoins de moments comme ça, où tout est permis. »
Le meilleur concert du festival Eurosonic
Le concert se passe le 15 janvier dans une église du centre de Groningue, ville universitaire au nord des Pays-Bas, pendant le festival Eurosonic. Plutôt pop et rock, et entièrement tourné vers la découverte de jeunes artistes, Eurosonic invite toutefois quelques ovnis qui sortent du lot, avec un parcours parfois largement lancé. C’est le cas avec Bachar Mar-Khalifé, qui a publié son troisième album fin 2015 et offert – de loin – le concert le plus puissant du festival.
On y découvre sa nouvelle formule live (il avait l’habitude de se produire en solo, sans batteur ni bassiste, désormais c’est le cas), qu’il s’apprête à balader un peu partout en France jusqu’à la fin du mois de mai. A Groningue, dans cette église ajoutant encore un peu de magie à l’ambiance, l’heure est encore aux expérimentations. Bachar :
« Je me suis fait engueuler après le concert, j’ai dépassé l’horaire prévu ! Lemon pourrait facilement durer une heure à lui tout seul si j’avais le temps… » Il ajoute : « C’est toujours un peu particulier de jouer dans un lieu de culte, quel qu’il soit. On est à l’écoute du silence, du monde… On a besoin du sacré dans la vie autant que dans la musique. Je ne suis pas religieux, je ne prie pas Dieu – mais j’aime bien l’interpeller en allant dans les lieux que les hommes ont construit pour lui. »
Une histoire d’amour et de liberté
Bachar Mar-Khalifé est né à Beyrouth en 1983. Arrivé en France à 6 ans, il entre vite au conservatoire où il brillera au piano – comme son frère, d’ailleurs, qui aujourd’hui a fondé le groupe classico-techno Aufgang, signé chez InFiné tout comme lui. Pour le reste, la musique de Bachar Mar-Khalifé est une histoire d’amour et de transgression, de douceur et de tourments, de chansons traditionnelles et de boucles électroniques, d’hypnose et de passion farouche pour la recherche de liberté.
« J’essaye de me débarrasser de tout ce qui peut parasiter l’acte de création », dit-il. « Ne pas être prisonnier d’un style ou d’une case est très important pour moi. Je me battrai férocement contre ceux qui veulent m’enfermer dans quelque chose. »
Pour bien comprendre, c’est facile. Il faut (ré)écouter Ya Balad, le dernier album de Bachar Mar-Khalifé, puis courir le découvrir sur scène pendant sa tournée qui approche, avec, dans le tas, une date à Paris le 8 février (à la Maroquinerie) et le 15 avril au Printemps de Bourges. On met au défi quiconque de ne pas tressaillir à l’écoute d’un morceaux comme Layla.
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