Généticiens mabouls, X Ray Pop’ collent la tête de la variété sixties sur un vieux synthé à pédale. C’est louche. Victimes d’un vaste mouvement d’excitation électro-futuriste, les Londoniens se jetaient il y a encore peu de temps sur le moindre import sous pochette jaunie et fatiguée du compositeur Pierre Henry, se tapant des jouissances cérébrales […]
Généticiens mabouls, X Ray Pop’ collent la tête de la variété sixties sur un vieux synthé à pédale. C’est louche.
Victimes d’un vaste mouvement d’excitation électro-futuriste, les Londoniens se jetaient il y a encore peu de temps sur le moindre import sous pochette jaunie et fatiguée du compositeur Pierre Henry, se tapant des jouissances cérébrales pas croyables sur les jerks électroniques du barbu. So Frenchy so chic, certes. Mais la curiosité et le goût des aventures exotiques s’arrêtaient malheureusement là, à quelques mètres à peine à l’intérieur d’une jungle où prospèrent toujours de joyeux trublions, Comelade et Vidéo Aventures en tête.
X Ray Pop’, duo iconoclaste tourangeau, n’a pas attendu d’être planté, fly-cases en main, à Calais pour inventer la Disco 2000, organe dansant greffé de tissus cosmiques et de cellules d’hilarité comme on en avait toujours rêvé. Poudrées de pépites aphrodisiaques, les tentacules synthétiques d’X Ray Pop’ sont plus fortes que les modes et tendances les modeleurs d’air du temps anglo-saxons s’y frotteront aussi sûrement qu’ils s’y piqueront. Il n’est pas pour autant ici question de sexe dégoulinant (bien que les allusions demeurent coquines) mais bel et bien de charme incandescent. Remettant plaisir et simplicité à l’ordre du jour, le drôle de couple oriente la pop vers de nouveaux et ludiques marécages. Les textes de Madame (Zoaka Dzaza) font la part belle à l’ironie et au décalage dans une foire à l’imagination fertile et malignement enfantine. Ses mots agitent de vie les locataires d’une animalerie un peu folle où le vétérinaire en chef aurait mis des champignons hallucinogènes dans les croquettes. Où girafes, grenouilles et mouches vivent des histoires incroyables, où les jeunes femmes bronzent en lisant Jour de France, dans des comptines fluettes et tordues franchement attachantes. Monsieur (Doc Pilot) excelle dans le triturage des appareillages analogiques ainsi que dans le collage de dissonances. Authentique scientifique dans le civil, il se sert de son labo fait main comme d’un temple élevé à la génétique hasardeuse, aux mariages contre raison.
Cet assemblage minutieux navigue entre rock fuzzy-hypnotique, pop branquignole et délires spatiaux chers aux Silver Apples ou encore, plus récemment, Air et Stereolab. Mais cette actualité brûlante de leurs compositions ne doit pas nous faire oublier qu’X Ray Pop’ est une formule qui tourne depuis maintenant des années. Call-girl allumeuse de la chanson française et dernière représentante d’une certaine new-wave qui fit les heures de gloire d’Elli & Jacno, de Taxi Girl, des Stinky Toys ou de Modern Guy, leur musique a effectivement quelque chose de l’insolence des graphistes de Bazooka. Difficile de ne pas penser à l’ambiance des növö-aventures d’Olga et Petite mises en scène par Elli Medeiros la graphiste (Soirée disco au Fric Frac) ainsi qu’aux cravates étriquées des héros des nuits BCBG. Cowboy venu de l’espace lointain pour semer un pataquès d’influences et d’ondes cosmiques, X Ray Pop’ a une démarche profondément progressiste, qui redonne foi en les prophéties futuristes. Quelque chose comme la pop-music de l’an 2000, telle qu’on aurait pu l’envisager à l’époque des yéyés.
Marie-Pierre Bonniol
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