Le défi qui consistait à prendre la relève de la bande ô combien originale dont un Neil Young plus inflammable que jamais dota le Dead man de Jim Jarmusch n’était pas minime. Le fait que le dernier long métrage du New-Yorkais raconte strictement la même histoire que le précédent ? le lent cheminement d’un homme […]
Le défi qui consistait à prendre la relève de la bande ô combien originale dont un Neil Young plus inflammable que jamais dota le Dead man de Jim Jarmusch n’était pas minime. Le fait que le dernier long métrage du New-Yorkais raconte strictement la même histoire que le précédent ? le lent cheminement d’un homme vers la mort ? ne pouvait qu’accroître un peu plus la difficulté de l’opération : avec Ghost Dog, il incombait donc au(x) musicien(s) élu(s) de répéter l’exploit du loner canadien ? mais différemment. RZA, ci-devant little big manitou du Wu-Tang Clan et invétéré sorcier des sons, a relevé ce défi presque surhumain l’air de rien, avec un brio et un culot assez exceptionnels. Aux mélopées élégiaques infiniment prenantes de Dead man, RZA a substitué une trame sonore plus dure, plus poisseuse mais non moins caressante, s’accordant au cadre citadin de la fiction et, ce qui importe peut-être le plus, épousant à merveille les tours et contours du personnage principal (joué par Forrest Whitaker), dont la silhouette pataude ne dissimule pas longtemps un sang-froid olympien, une souplesse féline et une imparable précision de mouvement. Ayant su faire siens tous ces atouts maîtres, RZA, fameux dandy de grand chemin, a signé un score qui a du chien et qui nous hante dès les premières mesures d’un film qui lui doit beaucoup de son élégance faussement lymphatique. Pour l’instant uniquement disponible en import japonais, la BO officielle de Ghost Dog, alignant l’ensemble des thèmes présents dans le film augmentés de quatre précieux bonus, renferme les clés de l’univers tortueux de RZA, et mérite largement mieux que sa rareté dans les bacs de France.
L’album « inspiré de Ghost Dog » répond, lui, de façon tangible à une logique plus mercantile visant à rentabiliser une fois encore l’estampille Wu-Tang Clan, dont on retrouve ici, en rang ou dispersés, quelques samouraïs. Pourtant, ce produit dérivé – qu’une écoute hâtive aurait qualifié de dérivatif – révèle lui aussi quelques mémorables combats entre frappes angoissantes de beats et nappes apaisantes.
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