David Walters voulait intituler son premier album Negropolitain’, avant que son producteur ne le fasse renoncer à ce néologisme, espiègle mais pas vendeur. Du coup il l’a appelé Awa, qui signifie non !? en créole antillais. Pour David Walters, né à Paris d’une mère martiniquaise et d’un père originaire de l’île anglophone de Saint-Kitts (d’où […]
David Walters voulait intituler son premier album Negropolitain’, avant que son producteur ne le fasse renoncer à ce néologisme, espiègle mais pas vendeur. Du coup il l’a appelé Awa, qui signifie non !? en créole antillais. Pour David Walters, né à Paris d’une mère martiniquaise et d’un père originaire de l’île anglophone de Saint-Kitts (d’où le patronyme), le créole était le parler de l’intérieur, des émotions qui refont surface, celui avec lequel, par exemple, on se fait engueuler le soir à la maison ; par opposition au français qui concernait l’extérieur, l’école, les amis’
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Au terme de ces nombreux séjours outre-Manche, il parle le Mo Wax et le Talkin’ Loud sur le bout des doigts. Il le pratique avec Zimpala, collectif electro-jazz qui va s’attirer la bienveillance des Négresses Vertes. C’est par eux qu’il fait la connaissance de Dupain. Nouveau virage : il quitte Bordeaux, s’installe à Marseille, entame la conquête de son moi musical profond. De ce franchissement de Rubicon linguistique découlera rapidement l’envie de retourner aux Antilles, de visiter l’Afrique, d’apprendre la percu traditionnelle
Awa fait coïncider ses deux histoires, se rejoindre ces deux pratiques. Il y a l’épisode du jeune furieux s’adonnant aux joies des musiques en mode fluide, le bpm-boy qui flotte à longueur de journées sur les nappes électroniques, et dont les biorythmes sont indexés sur les disques house et rap qu’il écoute au casque. Il y a l’épisode du tibande (le gredin’ en créole) décomplexé qui porte des dreadlocks et sort du tombeau où l’ont mis les tenants de quatre cents ans de civilisation blanche, l’originalité culturelle locale.
Hybride, Awa l’est si singulièrement qu’on peine à lui trouver une appellation assez crédible pour devenir contrôlée : afro-electro-folk ou créole-progressive-trad’ ? On peut au moins définir la musique de David Walters pour ce qu’elle n’est pas : du reggae, du ragga, du zouk, de la biguine, trop entendus, trop typiques. On peut recenser certains des instruments qui en délimitent le territoire sonore comme la guitare, la vielle à roue (jouée par Pierlo de Dupain), le kazoo, la beatbox, le dobro ou encore ce clavier de cristal et cette percussion en forme d’étoile, fruits de l’imagination acoustique des frères Baschet.
Les chansons de David pourraient être des cousines sidérales, turbulentes, de celles de Keziah Jones. Certaines viennent de loin comme Mesi Bon Dyé, sur un vieux rythme haïtien. D’autres ? Ouéklé, Di Moin, Souleyman ? sont déjà de demain. Toutes sont rares comme des gouttes de soleil.
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