Sur huit morceaux amples et voluptueux, la chanteuse anglaise dépasse ses doutes.
Le manque de confiance en soi peut être le pire ennemi de l’artiste, un frein tenace et un reflet impitoyable de ses propres failles. Il peut aussi être un allié qui pousse à se surpasser. Longtemps, Beth Orton a conforté ses doutes en s’entourant de guides (William Orbit, Andrew Weatherall, The Chemical Brothers…) qui ont laissé leur empreinte sur sa musique depuis ses débuts précoces dans les années 1990.
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Malgré son goût pour l’acoustique, sa voix délicate et sa silhouette frêle due à une santé fragile, Beth Orton n’a rien d’une chanteuse folk ingénue – le groupe postpunk The Fall était son premier concert en tant que spectatrice, aime-t-elle rappeler.
Sur Weather Alive, son nouvel album fabriqué en pleine pandémie, l’une des huit plages s’intitule Arms around a Memory, en clin d’œil à l’une des plus belles pépites de Johnny Thunders. Un piano feutré et quelques volutes electronica créent un écrin pour le chant mélancolique de l’Anglaise, à fleur de peau comme peut l’être Cat Power. “Quand j’ai préparé ce disque, j’avais besoin et envie d’entendre une certaine musique, quelque chose qui n’existait pas, confie-t-elle. Alors je m’en suis chargée !”
Un “home studio” au fond du jardin
Confinement oblige, elle installe un home studio au fond de son jardin londonien tandis que son époux, le songwriter américain Sam Amidon, surveille leurs deux enfants. “Quand je travaille avec d’autres gens, je suis souvent influencée, perméable, explique-t-elle. Cette fois, j’étais complètement seule, au naturel, et j’ai ressenti l’immense liberté d’être débarrassée du regard des autres.”
Sur ce, elle éclate en sanglots et on mesure tout le poids dont elle s’est délestée pendant cette période. On la réconforte et elle poursuit : “J’ai enfin pu essayer tout ce qui me passait par la tête sans vouloir faire plaisir à qui que ce soit. J’ai toujours eu le syndrome de l’imposteur… Aujourd’hui, j’ai enfin l’impression d’avoir trouvé mon son.”
Beth Orton a fait appel à quelques musiciens de confiance (notamment Tom Skinner, batteur de The Smile) pour finaliser ces chansons en apesanteur en suivant sa direction. Entre apaisement radieux et tourments encore palpables, cette artiste attachante signe ici ses textes les plus personnels (citons le sublime Lonely) et fait de sa sensibilité une arme surpuissante. Un album pénétrant, tout en nuances et en paradoxes, à l’image de son autrice.
Weather Alive (Partisan Records/PIAS). Sortie 23 septembre.
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