A-t-on encore besoin de clamer notre amour pour la musique de Petit Fantôme ? Sans doute, puisque le temps est enfin venu pour lui de sortir son “premier album économiquement normal”. Après avoir publié les superbes mixtapes Yallah et Stave, en 2011 et 2013, le jeune musicien a arrêté la musique, “pour faire du bâtiment”, et il était […]
PETIT FANTOME ne ressemble à personne et ne fait que ce qui lui plaît. La preuve avec Un mouvement pour le vent, album empreint d’une sensibilité pop devenue trop rare.
A-t-on encore besoin de clamer notre amour pour la musique de Petit Fantôme ? Sans doute, puisque le temps est enfin venu pour lui de sortir son “premier album économiquement normal”. Après avoir publié les superbes mixtapes Yallah et Stave, en 2011 et 2013, le jeune musicien a arrêté la musique, “pour faire du bâtiment”, et il était impossible de passer à côté de son disque au titre poétique, Un mouvement pour le vent.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une fois la lecture lancée, on retrouve avec plaisir tout ce qui nous a fait aimer le projet solo de Pierre Loustaneau : des harmonies 60’s, des guitares, tantôt cristallines, tantôt saturées, quelques bribes lyriques, et une certaine tendance à salir la mélodie, comme l’exige l’esthétique do it yourself.
Car il s’agit principalement de cela : de mélodies. Le musicien semble être obsédé par ce mot et cet amour des notes bien agencées se retrouve à chaque mesure de son disque. Ce qu’il considère d’ailleurs comme une attitude punk : “La musique d’aujourd’hui est essentiellement rythmique. Quand tu écoutes la radio, ça se ressent vachement, et chercher l’harmonie de nos jours, c’est presque un acte de rébellion.” Du coup, les onze morceaux qui composent l’album n’ont qu’une seule idée : la pop. Bien sûr, du psyché au shoegaze, du folk au krautrock, on pourrait accoler bon nombre d’étiquettes surannées à Un mouvement pour le vent. On préfère se contenter du gros mot “pop”, et ce n’est pas l’amour que porte Pierre Loustaneau aux Beatles qui nous contredira.
De toutes manières, la plus grande force du musicien se trouve en lui-même. Car les chansons de Petit Fantôme, en dehors des références aux 60’s ou aux 90’s, brillent d’une aura très spéciale et inédite. C’est ce qu’on appelle la sensibilité, celle-là même qui fait défaut à un peu trop de groupes de rock aujourd’hui.
« Je compose pour moi, parce que ça me plaît «
Ainsi, que ce soit avec ses hymnes aux grands espaces (Vivons cachés, Ma naissance), ses envolées parfois douloureuses (Je m’abîme) ou son tube titubant et inattendu (Easy Come Easy Go), celui qui vit dans une maison entre la mer et les montagnes du Pays basque reste toujours aussi touchant.
Une caractéristique qui est sans doute due à sa façon d’enregistrer (chez lui, dans son home studio), mais aussi, voire surtout, à sa façon de percevoir la musique : “Je compose pour moi, parce que ça me plaît et qu’il y a certains moments où les choses doivent sortir. Je crois vraiment que ce n’est pas au musicien de s’adapter au public, mais à ce dernier de venir l’écouter. Si ça lui plaît tant mieux, sinon, tant pis.”
Le point de vue est devenu assez rare et compliqué à défendre, à une époque où les artistes se doivent de draguer leur public sur tout ce qu’internet compte de réseaux sociaux. Un mouvement pour le vent souffle des idées contraires, et ce, même si son créateur se fout de nous plaire. Ou peut-être justement parce qu’il n’en a pas grand-chose à faire.
{"type":"Banniere-Basse"}