Le fascinant trio londonien tient sa cadence effrénée, tout en entretenant son mystère et son sens du single abrasif.
Il y a quelque chose de définitivement fascinant chez Bar Italia, qui multiplie les albums et les concerts (particulièrement en France, avec quatre passages en un an, des Inrocks Festival 2022 au Pitchfork Festival Music Paris en passant par le MIDI Festival et une date parisienne en tête d’affiche) et qui entretient, envers et contre tout, son mutisme médiatique et scénique (pas un seul mot prononcé sur scène, pas de rappel non plus, à quoi bon ?). Jusqu’à quand Nina Cristante, Jezmi Tarik Fehmi et Sam Fenton tiendront parole ?
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C’est la question que les suiveur·ses attentif·ves de Bar Italia, révélé en 2020 sur le label World Music de Dean Blunt, se posent, surtout depuis leur signature chez Matador, illustre écurie new-yorkaise (Pavement, Yo La Tengo, Kim Gordon). Faut-il donc lire le titre de ce quatrième album comme un pied-de-nez assumé sinon fièrement revendiqué ?
Sonic Youth et Slint en ligne de mire
On serait aisément tenté de le croire, d’autant que les trois têtes pensantes (et chantantes) du groupe semblent préserver leur mystère avec sourire et délectation. Même leur manager sait que leur silence imposé ne durera pas, mais la bande à Nina Cristante n’en a cure, privilégiant son aquoibonisme aussi sincère pour ses thuriféraires que surjoué pour ses critiques.
Enregistré cet hiver dans un studio à Majorque et mixé par la productrice Marta Salogni (qui a déjà collaboré avec Tomaga, Floating Points et Black Midi), The Twits propose donc treize morceaux à la douzaine, parfaitement lancé en ouverture par un single abrasif, My Little Tony, où les trois voix de Bar Italia se partagent alternativement le micro dans une chorale foutraque digne des plus belles heures bruitistes de Sonic Youth, la référence new-yorkaise la plus manifeste.
Avec la même appétence pour les titres de morceaux à sous-texte : Real House Wibes (Desperate House Vibes), Sounds Like You Had to Be There… Entre deux odes à la fée électricité, le trio londonien plonge magnifiquement dans le slowcore (Twist, Calm Down with Me), rappelant un autre groupe américain cultissime en S : Slint. Après vingt-huit morceaux édités en seulement un semestre, on se demande ce que peut nous réserver encore Bar Italia.
The Twits (Matador/Wagram). Sortie le 3 novembre. En concert au Pitchfork Music Festival Paris, Café de la Danse, le 11 novembre.
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