À partir d’un squelette équin dont il a fait des instruments, le bricoleur militant anglais imagine avec le London Contemporary Orchestra une bande-son tumultueuse qui galope loin des genres établis.
Cela fait longtemps que l’Anglais Matthew Herbert creuse le sillon d’une musique électronique militante et porteuse de sens. La vie et la mort d’un cochon tué dans un abattoir, une bouteille de soda ou des opérations chirurgicales… Il a déjà samplé tout ça pour composer sa dance politique et intello. Mais jamais encore il n’était allé aussi loin dans le concept qu’avec The Horse, où il exploite le squelette entier d’un cheval.
Pas seul : il a sollicité de géniaux·ales artisan·es pour créer des instruments à partir des restes de l’animal – une flûte à partir d’os, une lyre à partir du pelvis, etc. Plusieurs générations de jazzmen (Danilo Pérez, Theon Cross ou Shabaka Hutchings) s’emparent de ces drôles de jouets et accompagnent le London Contemporary Orchestra qui, habitué aux mouvements audacieux, crée une bande-son inquiétante, tribale, vibrante.
À part sur l’entrée en matière, très déconcertante, ou sur la cavalcade The Horse Is Close, on oublie très vite la démarche conceptuelle pour se plonger dans ses compositions hybrides, déchirantes (The Horse Pelvis Is a Lyre), bizarrement très dansantes (la techno organique de The Horse Is Put to Work ou le sautillant The Horse Has a Voice).
Entre néo-classique, jazz, house, partition contemporaine et bande-son tumultueuse, Matthew Herbert agrège quantité de talents autour de lui pour proposer une sorte de musique totale, risquée, inattendue et aux nombreux éclats de beauté. Ce mystérieux cheval aura une seconde vie.
The Horse (BMG). Sortie le 26 mai.