Après une poignée de maxis convaincants et une notoriété ascensionnelle sur les réseaux sociaux, la jeune Britannique publie son premier album. Une réussite totale.
A tout juste 20 ans, Beatrice Kristi Laus, alias beabadoobee, impressionne. Signée chez Dirty Hit, label qui héberge également The 1975 ou Wolf Alice, nommée tour à tour dans la catégorie “Rising stars” des Brit Awards et dans la liste “Sound of 2020” des dix artistes à suivre par la BBC, lauréate du prix Under The Radar aux NME Awards, la voilà qui débarque, auréolée d’une réputation déjà solide, avec un premier album impatiemment attendu.
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Grunge, slacker, dream pop, toutes les nuances du rock indé et un calibrage parfait pour la bande FM
Il faut dès lors avoir les épaules suffisamment larges pour encaisser la pression et se montrer à la hauteur des espoirs suscités. Cela tombe bien, car beabadoobee n’a visiblement aucun problème avec ça. Sur Fake It Flowers, la recette qui a fait son succès reste inchangée : un son hérité des années 1990 mêlant grunge, slacker, dream pop, toutes les nuances du rock indé et un calibrage parfait pour la bande FM, les morceaux dépassant rarement les trois minutes trente. Mais on est désormais loin de la bedroom pop lo-fi bricolée à l’arrache dans une chambre d’adolescente.
Toujours assistée de Pete Robertson (ancien batteur de The Vaccines) et de Joseph Rodgers à la production, beabadoobee a musclé son jeu et peut se targuer de posséder dans son catalogue quelques hymnes pour ses futures tournées, de l’entêtant et réjouissant Care, que l’on croirait échappé du générique d’un teen movie avec Sarah Michelle Gellar, à l’émancipé Dye It Red, déclaration d’indépendance à l’égard des jeunes phallocrates.
Des ballades à fleurs de peau et un tatouage Elliott Smith sur le bras
Worth It et ses décibels jouent dans la même cour, mais ces trois tubes potentiels en ouverture de Fake It Flowers agissent également un peu en trompe-l’œil par rapport à la suite du disque. beabadoobee parvient à mettre de côté ses encombrantes influences (Pavement, Nirvana, en vrac) pour révéler un indéniable talent d’autrice-compositrice-interprète.
Se livrant à cœur ouvert, évoquant avec justesse et sans ambages les joies et les peines de toute jeune fille, Bea Kristi parvient à éviter l’écueil de la redite facile grâce à une personnalité tout à la fois fragile et affirmée, portée par ces petits miracles à fleur de peau que sont Emo Song, Further Away, Back to Mars ou How Was Your Day?. Sur ces deux derniers morceaux, elle débranche d’ailleurs sa guitare pour quelques instants rappelant ses premières amours pour Elliott Smith dont elle a le XO tatoué sur le bras.
Beau temps comme tempête, beabadoobee se montre totalement à l’aise dans tous les registres, maniant déjà à la perfection l’art du contraste. A ce titre, la puissante ballade Sorry au cœur de l’album, qui commence par une suite d’accords grattés l’air de rien et soutenue par des cordes en tension, explose ensuite dans un déferlement jouissif de guitares électriques. Scotché·e comme il se doit, on en est encore béat·e.
Fake It Flowers (Dirty Hit/Caroline)
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