La DJ hambourgeoise Helena Hauff, ex-résidente du Golden Pudel, comble nos attentes avec un deuxième album cru et brutal, Qualm.
L’expression vient d’elle, et elle est brillante. Qu’aurait-on pu trouver de mieux qu’“unapologetically raw” pour qualifier le deuxième album d’Helena Hauff ? Trois ans après l’avoir vue exploser dans la sphère mainstream avec l’Unapologetic Bitch de Madonna, le terme est donc de retour, dans le monde de la techno sévère cette fois, mais à nouveau dans la bouche d’une artiste féminine. Helena Hauff ne s’excuse pas d’être à vif, crue, brutale, d’être ce qu’elle est, en somme. Si son album est baptisé Qualm (“scrupule”), c’est pour prendre le terme comme point de départ et le mettre à mal à coups de techno dégoulinante de synth-punk, de coldwave et d’acid. Sur l’album, le titre éponyme enchaîne d’ailleurs avec No Qualms. “Je voulais faire quelque chose avec très peu de machines, mais qu’elles soient très puissantes. Je ne voulais pas trop de couches, quelque chose de simple, de radical”, développe-t-elle par téléphone. Qualm est moins mélodique que son prédécesseur, l’incroyable Discreet Desires, moins romantique aussi, dépouillé des voix spectrales qui le hantaient, plus abrupt, impoli, musclé, sans pour autant tomber dans la grossièreté ou la facilité. Il reste des strates chez Helena Hauff, dans lesquelles on se meut avec l’appréhension de voir nos os se briser. “Je ne suis personnellement pas spécialement en colère, lâche-t-elle en riant, mais j’aime beaucoup la musique agressive. Elle est porteuse d’envie. En club, je recherche toujours les trucs les plus difficiles. C’est paradoxalement plus facile pour moi de danser dessus.”
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“J’ai toujours été obsédée par les platines”
C’est ce même refus des compromis qui empêche la DJ hambourgeoise, ex-résidente du Golden Pudel parti en fumée, de jouer ses albums en live. “Ce serait trop difficile de recréer sur scène la façon dont je produis en studio. Je devrais avoir toutes mes machines, et je ne peux pas me déplacer avec autant de choses, donc je finirais avec un ordinateur ou d’autres types de machines… Ce n’est pas mon truc. Quand t’es spectateur, et que l’artiste ‘joue’ avec un ordi, tu ne peux pas vraiment faire la différence entre un live et un DJ-set. Avec moi, c’est évident que c’est un DJ-set puisque je ne mixe qu’avec des vinyles !” Helena Hauff est une puriste qui affectionne le contact sensuel avec le vinyle, qu’elle dépouille systématiquement de sa pochette pour gagner de la place. “J’ai toujours été obsédée par les platines, les techniques, le fait de poser le diamant sur le vinyle. Je ne suis pas DJ, je suis DJ-vinyles, ce ne sont pas deux choses séparées.”
Malgré son amour des tracks eighties, aucune trace de sample sur ses albums. “Je peux sampler un son avec mon MPC, un hi-hat ou une ligne de basse mais je ne samplerai jamais une mélodie ou une séquence rythmique. C’est pourtant par là que j’ai commencé, avec mon ordi et des couches de samples. Puis j’ai acheté des machines, des synthés et j’ai arrêté.” Après avoir essoré le single Pump up the Jam de Technotronic, offert par sa grand-mère qui l’avait déniché aux puces, Helena Hauff se passionne pour le rock, tendance Nirvana et Queens Of The Stone Age avant d’acheter, par hasard chez un disquaire, le premier album du DJ britannique Radioactive Man, développant une obsession pour ses neuf tracks et particulièrement pour le dernier, Uranium. “Je pense que c’est ce que j’ai le plus écouté de ma vie.” Lorsqu’on lui demande de décrire les sensations que lui procurent ses titres préférés, elle rit : “Ça me rend juste très, très heureuse.”
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