L’Islandaise et l’Espagnole s’allient pour alerter, en musique, sur les dangers de la pisciculture dans des zones protégées du fjord. Industrie qui ne cesse de se développer, au détriment de la faune et de la flore.
“Immediate action is crucial.” Voici ce qui est inscrit, noir sur blanc, dès le début du clip d’Oral, titre fruit de la collaboration de deux voix ô combien singulières et charismatiques : Björk et Rosalía. Manière d’annoncer la couleur à l’heure où les signaux sont au rouge, et d’introduire un morceau caritatif visant à lutter contre l’aquaculture en Islande. Produit par Sega Bodega, le titre est un savant mélange des influences des deux chanteuses : l’atmosphère nébuleuse et lyrique de l’Islandaise, les touches sémillantes disséminées par l’Espagnole, de sa voix épaisse et mélodieuse.
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Sorti via le label One Little Independent, Oral a en fait été composé par Björk il y a vingt ans – entre ses albums Homogenic et Vespertine – avant de se perdre dans les archives de l’artiste. C’est en mars 2023, alors que paraît un rapport sur l’impact dévastateur des opérations commerciales norvégiennes d’élevages industriels de saumons en Islande, qu’elle se souvient du morceau. Puis décide d’inviter Rosalía pour y faire fusionner leurs deux univers. Et porter, ensemble, un message politique.
Péril écologique
Si Oral s’immisce jusqu’à nos oreilles aujourd’hui, c’est pour tirer la sonnette d’alarme quant au développement de l’aquaculture dans des zones qui étaient jusque-là protégées, en Islande. “Lorsque nous avons récemment découvert que des hommes d’affaires islandais et norvégiens avaient commencé à acheter des fermes aquacoles de nos fjords depuis près de dix ans, cela a été un choc majeur et est devenu le principal sujet de discussion cet été”, déplorait Björk en octobre dans un communiqué, avant de plaider pour la mise en place de “réglementations strictes dans le système juridique de l’Islande pour protéger la nature”.
Tous les revenus générés seront reversés à Aegis, une association à but non lucratif co-créée par Björk. Il est également possible de faire un don à cette adresse. Car c’est bien la survie de l’espèce qui est en jeu : ne représentant plus que 25% de de son niveau de 1970, le saumon sauvage est en danger d’extinction en Atlantique Nord. Et ainsi s’allient les deux chanteuses aux habitants de Seyðisfjörður, qui protestent depuis plusieurs semaines contre la mise en place de la pisciculture, industrie aux effets “dévastateurs sur la faune et la flore”.
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