Treize ans après ses débuts et son premier album, le groupe outsider du label Italians Do It Better est enfin de retour avec un second disque qui traîne sa mélancolie sur le dancefloor.
En 2009, suite à sa rencontre avec Megan Louise (chanteuse, musicienne et DJ franco-québécoise) dans un troquet montréalais, Johnny Jewel, cofondateur et véritable couteau suisse du label Italians Do It Better (dont la légende dit que le nom a été piqué au slogan d’un tee-shirt que portait Madonna dans le clip de Papa Don’t Preach), fondait Desire.
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Une nouvelle comète à ajouter à la galaxie de ce label passionnant, pétri dans son amour de la new-wave et de l’italo-disco, son esthétique rétro eighties décalée et raffinée, ses projets multipliés à l’envi tout comme ses vinyles colorés et transparents que les fans s’arrachaient. Un label pas comme les autres, cool et rebelle, refusant de se plier à aucune règle (les interviews de Johnny Jewel se comptant sur les doigts d’une main), tout en cultivant le désir de rester farouchement indépendant.
Si Chromatics et Glass Candy, les deux projets principaux de Jewel, trahissaient son amour des synthés analogiques, des voix féminines susurrées et des mélodies cinématographiques, le premier album de Desire, étrangement baptisé II, imposait d’emblée sa singularité. Avec son beat ralenti et vaporeux, ses morceaux désossés à l’extrême, l’utilisation de cordes dans cet océan synthétique, le parlé-chanté mouillé de Megan Louise, la reprise sous LSD d’Oxygène de Diane Dufresne, l’utilisation du français comme de l’anglais, le disque possédait un charme maléfique, tout en se tenant avec intelligence à distance de la formule popularisée par les deux groupes phares du label.
Depuis la sortie de II et malgré le succès du single Under Your Spell placé sur la B.O. du film Drive, Desire s’était fait rare – le groupe assurant les premières parties des Chromatics, balançant des singles comme des petits cailloux, se séparant en 2019 pour finalement annoncer l’année suivante Escape, un second LP, maintes fois repoussé à cause de la pandémie de Covid-19. Tout en collaborant entre-temps avec le prince de la house Omar S ou le producteur electro-tech Guy Gerber pour une reprise porno-soft du Can’t Get You Out Of My Head de Kylie Minogue.
Dès le morceau d’ouverture Black Latex, tout en beats métalliques et synthés glacials comme du Suicide sous hormones, Desire tease son virage dance comme sa volonté d’explorer tous les recoins du dancefloor. En treize titres, du tube Telling Me Lies, déflagration pop en hommage à Madonna circa 1980, à l’italo-disco d’Escape, du slow brûlant The Young & The Restless à l’electro-funk de Days & Night, du punk-funk de Zeros à l’eurodance de Ghosts, Desire sort de la brume pour danser comme jamais. Sans perdre de vue ce qui a toujours fait son charme et sa originalité : sa noirceur intrinsèque, ses mélodies flottantes et ses beats enjoués. Comme la rencontre de la braise et de la glace au beau milieu d’un dancefloor survolté !
Escape (Italians Do It Better).
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