Quand deux amies norvégiennes s’autorisent toutes les fugues et les digressions, ça donne ce premier album mutant, éloignant la pop de toute forme de classicisme.
En amour comme en amitié, la folie se vit mieux à deux. On en tient pour preuve Believer, un premier album où Catharina Stoltenberg et Henriette Motzfeldt s’écartent de toutes les formes convenues pour instaurer un va-et-vient constant entre diverses influences.
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On pense parfois au r’n’b 2.0 de Shygirl ou de FKA twigs, ne serait-ce que pour cette façon qu’ont les deux moitiés de Smerz de refuser l’orthodoxie, narrant leurs peines de cœur à gorge déployée. D’autres fois, on songe plus volontiers aux expérimentations d’Arca, avec qui les deux Norvégiennes, installées à Copenhague depuis 2011, partagent un même label (XL Recordings).
Ça s’appelle l’audace, et c’est jouissif
Mais on pense surtout que ces seize morceaux n’auraient pu naître ailleurs que dans les cerveaux agités de Catharina et Henriette, d’ores et déjà courtisées par un monde de l’art toujours à l’affût des avant-gardes musicales.
Après tout, si Believer est saisissant, c’est d’abord pour sa forme quasi expérimentale : des synthétiseurs qui tourbillonnent, des carillons qui attisent les rêves autant qu’ils génèrent diverses angoisses, des violons stridents, des beats électroniques qui s’abattent sur un air a priori innocent. Le duo s’amuse beaucoup, tente tout, mais n’oublie jamais de composer avec méticulosité de vraies mélodies, remplies de gimmicks accrocheurs.
A croire qu’il s’agit pour Catharina et Henriette, encore étudiantes, d’édicter à chaque morceau un nouveau dogme, une matrice vers laquelle leurs contemporain·es se pencheront pour mesurer l’étendue de leur retard, ainsi que les multiples possibilités offertes par la pop – quand celle-ci se nourrit de techniques empruntées aussi bien au hip-hop qu’à la musique de chambre ou à la techno.
Avec Believer, on s’immerge donc dans l’univers de deux têtes chercheuses, que l’on s’amuse à découvrir dans un déluge bruitiste (Hester), avant de les retrouver en chanteuses d’opéra (The Favourite) ou, quelques instants plus tard, en divas r’n’b (Flashing). Ça s’appelle l’audace, et c’est particulièrement jouissif. Surtout quand on sait ce que ce foisonnement d’idées dissimule de malice, de toupet et d’excentricité.
Believer (XL Recordings/Wagram)
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