Un troisième album qui puise sa quiétude dans les origines du groupe tout en en défaisant les stéréotypes.
L’émergence internationale des groupes touaregs au milieu des années 2000 charrie bien des clichés. S’ils ont trop souvent été loués pour leurs attitudes rock, maladroitement comparés aux bluesmen américains, l’essence de leur musique est pourtant à trouver dans leur féroce enracinement local, dans l’héritage musical qu’ils n’ont de cesse de transmettre.
Imarhan remet les points sur les i avec Aboogi, troisième LP enregistré à Tamanrasset, leur capitale touareg située à l’extrême sud de l’Algérie. Centré autour des guitares acoustiques et du chant pénétrant de leur leader vocal Sadam, ce disque conte le quotidien de la cité, ses joies et ses affres, préférant le calme à l’énergie et la spiritualité à la revendication frontale.
S’il s’agit bien de tradition, les cinq musiciens d’Imarhan se plaisent à y intégrer de superbes nappes synthétiques, sur Asof, ou des guitares électriques pleines de réverb sur Temet. L’influence de Ry Cooder est là, mariée à celle des ami·es Tinariwen (dont deux membres sont ici invités).
Mais Aboogi s’en démarque en misant sur la grande profondeur du son, sur la lente transe qui les anime (le superbe Taghadart avec la chanteuse soudanaise Sulafa Elyas). Imarhan semble passer un cap sans jamais se renier, ni perdre de vue l’idée que malgré les envies souvent légitimes de plaire au marché occidental, c’est bien dans Tamanrasset que la formation puise l’âme de ses albums.
Aboogi (City Slang/PIAS). Sortie le 28 janvier.
Concerts le 30 mars à Paris (Gaîté Lyrique) et en tournée française.