L’union de trois ex-Blind Digital Citizen un premier album libéré de toute chapelle, où la chanson française se frotte aux mélodies les plus folles.
Quelques minutes suffisent à Pion pour poser le décor, le ton et les enjeux de son premier album, 22:22. Quelques minutes qui contiennent toute la folie de ces musiciens, anciennement membres de Blind Digital Citizen, qui se retrouvent ici dans la joie d’inventer, de s’abandonner à la folie créative et de faire la nique aux dogmes musicaux. On pointe par instants quelques références (à La Mort d’Orion de Manset, aux écrits de Philip K. Dick, à La Planète sauvage de René Laloux ou même à MGMT), mais celles-ci ne sont jamais trop appuyées et permettent surtout aux auditeurs d’avancer avec certains repères au sein de cette œuvre conceptuelle, presque abstraite parfois, qui dédaigne les chemins ordinaires de la pop française pour tendre vers une musique théâtrale, rétrofuturiste, à l’écriture singulière.
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Entre space-opéra et free-party,
Ecouter Pion, c’est donc se confronter à une promesse d’inédits, c’est plonger dans un monde poétique, audacieux, défricheur, qui pourrait n’exister que dans la tête de ces trois “enfants sauvages”, mais qui semble suffisamment riche et fantasmé pour trouver un écho chez ceux qui, comme eux, n’ont d’autre but que de s’émerveiller. Audacieuse sur le papier, cette formule fonctionne naturellement sur 22:22, où François Devulder, Louis Delorme et Charles Templier prennent toutes les libertés sur neuf chansons à entendre comme des récits à entrées multiples, nourris par l’archéologie, le fanatisme, l’Antiquité, la mythologie et l’histoire des bardes, ces poètes d’un autre temps qui déclamaient leur poésie dans les villages.
Il y a de ça dans l’interprétation, messianique et saisissante, de Pion, quelque chose qui permet au trio d’haranguer l’auditeur (“Unissez-vous ! Détruisez-vous”) et de prouver qu’audaces rythmiques et structures complexes peuvent aller de pair avec évidence mélodique. Au-delà de son esthétique hybride, ou de ses multiples allers-retours entre space-opéra et free-party, progressions harmoniques et inclinaisons synthétiques, 22:22 est un disque rempli d’hymnes potentiels qui séduisent illico par leur immédiateté.
22:22 Entreprise/A+LSO/Sony Music
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