Pourquoi ne pas faire de la pop sixties en 2018 ? C’est à peu près ce que s’est dit Kid Victrola, grand chef d’orchestre de Gloria, groupe lyonnais qui ressuscite les Shangri-La’s et les Small Faces. Ecoute de leur nouvel ep, Oidophon Echorama, en avant-première !
Il n’y a vraiment pas grand chose de 2018 chez Gloria. On croirait même entendre un vieux groupe pop sixties, niché entre les Shangri-La’s, Nancy Sinatra et les Small Faces, qu’un passionné aurait déniché dans le bac poussiéreux d’un disquaire. Et pourtant, Gloria est bien un groupe d’aujourd’hui, au sens strictement temporel du terme.
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Fondé par le guitariste et producteur mystérieux Kid Victrola assisté d’une joyeuse troupe et emmené par trois chanteuses, le groupe lyonnais sortira son nouvel ep, Oidophon Echorama, le 9 mars, après un premier album, In Excelsis Stereo, lâché fin 2016 sur le même label, l’excellent Howlin Banana. Ces six nouveaux très bons titres d’une pop solaire et atemporelle nous ont donné envie d’en savoir plus sur les motivations d’un jeune groupe français qui passe déjà sur la BBC et nous offre son ep en écoute en avant-première ci-dessous :
Pourquoi s’intéresser autant au rock sixties en 2018 ?
Kid Victrola – Et bien individuellement on ne s’intéresse pas qu’au rock sixties, loin de là, mais le groupe à été formé sur cette idée de crossover girl group / rock anglais sixties. C’était une idée parmi tant d’autres (on joue dans pleins de groupes différents) et c’est plus un concours de circonstances qui nous à réunis autour de cette forme là. Le côté sixties de Gloria, c’est comme un costume, car je bosse sur ces sons et ces prods sixties depuis longtemps, à tel point que je ne sais pas faire sonner de la pop autrement… J’ai tellement cherché ça, et ingurgité les prods et les sons de cette époque, que quand on est obsessionnel comme Gloria, ça prend une vie pour en sortir ! Peut-être qu’en 2050, je chercherais à reproduire le son de Kap Bambino en 2010…
Mais en dehors du son, les influences viennent de toute part… Le vrai côté vintage de Gloria, c’est plus l’amour des chansons à l’ancienne et des harmonies vocales. Cependant pour le futur, l’idée est de garder ce son là, mais peut-être en éclatant davantage le format chanson sixties…affaire à suivre… Bref on des énormes fans de toutes sortes de musiques, mais en s’embarquant dans Gloria, on ne peut pas tout de suite faire de l’exotic trap…ça viendra ! Par rapport a la musique d’aujourd’hui, on est dans notre petite bulle, comme tout les groupes qui font du néo-sixties depuis 30 ans. C’est un peu comme de la musique classique maintenant…
Quand et comment êtes-vous tombés dedans ?
Enfant, les 45 tours des parents (Kinks, Stones, Animals, Them) qui me faisait un effet vraiment dingue. Je les trouvais menaçants avec leur sons aigrelets et élastiques, et leurs tronches d’enfants de chœur dépravés sur les pochettes. En même temps j’étais fan de Nirvana, mais quand je me la ramenais avec les Stones, les copains se foutaient de ma gueule alors j’ai gardé ça pour moi et c’est devenu une obsession. Je me rappelle entendre Their Satanic Majestie Request vers 10 ans, et trouver ça génial car les effets spéciaux me rappelait Bioman. Ensuite le rock sixties a été à la base de tout le reste car c’est un formidable point de départ pour tout découvrir ( Folk, Blues, Country, Soul, Musique de film, Jazz, Musique Brésilienne etc…). Et en même temps on a tous eu les influences de notre époque, en partant de Nirvana/Sonic Youth, jusqu’à la noise et la musique bruitiste… D’ailleurs on nous dit parfois qu’il y a un côté rock indé 90’s dans Gloria, ce qui serait tout à fait logique…
Comment et pourquoi avez-vous formé le groupe ?`
Pendant que j’étais bassiste pour Slow Joe and the Ginger Accident, je trimballais partout mes démos de sons sixties, et Christophe du studio Kerwax est tombé dessus, et m’a glorieusement invité à finaliser un disque chez eux. A ce moment là, je voulais absolument marier les Shangri-La’s avec les Small Faces, et on est parti la dessus. Évidemment le résultat ne ressemble pas à ça, mais c’est ce qui est intéressant.
Donc c’était d’abord un projet de disque, qu’on a réalisé à 4, avec ma sœur Baby B (avec qui je bossais déjà sur les harmonies vocales dans un duo country/folk, The North Bay Moustache League), Wendy ma copine, et Josselin, batteur avec qui j’ai toujours joué. Quand le disque est sorti chez Howlin’ Banana, on a décidé de monter le groupe en vrai pour le live, et Amy et Thomas nous on rejoints. Depuis, c’est un groupe et on bosse plus en collectif au niveau de l’écriture, même si le but reste encore de suivre ma déviance sixties.
Vous avez un album-culte ?
C’est trop dur ! Au hasard, Bull of the Woods des 13th Floor Elevators, un disque magnétique, hanté, oublié, à moitié raté sous LSD, passionnant du début à la fin… et la guitare de Stacey… Ou alors l’album de Quarteto Em Cy de 1972, une sorte de caresse brésilienne paradisiaque. Tout John Fahey.
https://www.youtube.com/watch?v=GF9fHnDzekI
Qu Ȏcoutez-vous actuellement ?
Alors pêle mêle et pour tout le groupe : Hank Williams, King Gizzard, Palm, Kapsberger, Miles Davis, Electric Safari, Captain Beefheart, The Growlers, Blackfoot (mortelle pop Zambienne 70’s), Malicorne, des chœurs russes, des conférences d’Aurelien Barrau et la voix du GPS… Altin Gun nous à tous mis d’accord aux Transmusicales de Rennes…
Comment ça se passe à l’heure actuelle en France quand on s’appelle Gloria et qu’on fait du rock sixties ?
C’est dur, impossible de retrouver le groupe avec ce nom à la con dans un moteur de recherche ! Et pendant longtemps on n’avait pas de Facebook et on s’est fait salement engueulé…
Plus sérieusement, il y a d’abord toute la petite scène autour d’Howlin’ Banana, donc on croise pas mal de groupes copains. Mais aujourd’hui sous la bannière Garage/psyché , la musique est très variée, « psych » est plus synonyme de liberté, d’improvisation, de prendre le temps de faire de la musique, donc on se retrouve bien la dedans. On joue dans toutes sortes d’endroits différents, du centre culturel aux squats, devant pleins de gens différents. On voyage, on mange bien, on dort par terre ou à l’hôtel, on tue des arbres et du pétrole pour faire des vinyles…Comme un groupe de rock en France quoi !Je crois que les gens voient un groupe rétro avec trois chanteuses et qu’ils trouvent ça cool…
La on part jouer en Espagne, au Portugal et en Angleterre, on verra s’il y a une différence. En tout cas en Angleterre ce genre de sons leur parle, ils ont plus ces références dans les oreilles, donc ça a l’air de bien plaire là-bas. On est passé 6 fois à la BBC déjà !
Oidophon Echorama, sortie le 9 mars (Howlin Banana/Ample Play Records)
Release party avec concert le 8 mars à L’Olympic Café (Paris, 18e)
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